Dans les squats ou les bidonvilles, sous les ponts ou dans des tentes de fortune… En 2021, grâce à C.L.A.S.S.E.S., 400 enfants vivant dans la rue ont rejoint les bancs de l’école. Créée à Lyon en 2006, l’association, composée d’une dizaine de bénévoles et de deux médiateurs scolaires salariés, organise des maraudes dans les lieux retirés de la métropole rhodanienne pour repérer les enfants non scolarisés, issus principalement de communautés étrangères. L’idée : leur permettre d’accéder à une scolarisation durable. « La plupart des familles qui arrivent en France savent que l’école est possible mais abandonnent les démarches en cours de route, faute de maîtriser notre langue. Notre rôle est de les accompagner pour faire le lien avec l’école, en ciblant les établissements (élémentaires, collèges, lycées) proches de leur lieu de vie et possédant un dispositif pour les allophones », décrit Henri Branciard, bénévole et membre du CA de l’association. Passé cette première étape, l’action de C.L.A.S.S.E.S. se poursuit en lien avec les professionnels de santé et les acteurs du médico-social. « La régularité de la scolarisation dépend étroitement des conditions de vie. Il faut donc tout mettre en œuvre pour débloquer d’autres difficultés d’accès aux droits fondamentaux tels que le logement ou l’emploi. Des conditions qui évitent que des enfants soient laissés sur le bord de la route. »
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Un « bonjour » pour démarrer la journée. Voilà un minimum pour l’Armée du salut, qui organise depuis 2017 des tournées d’aide alimentaire dès 6 h 30 dans le nord-est de Paris. « Nous voulons être les premiers quand les personnes à la rue se réveillent. C’est un créneau qui n’est pas du tout occupé par les autres associations, alors que les besoins sont aussi très importants le matin », constate Samuel Coppens, porte-parole de ce mouvement spécialisé dans la lutte contre l’exclusion. En effet, sur le parcours qui mène le camion des maraudes « Bonjour » depuis le XXe arrondissement (où siège l’Armée du salut) jusqu’à la gare Saint-Lazare, en passant par les gares du Nord et de l’Est, ce sont chaque jour entre 250 et 300 personnes rencontrées. L’occasion de partager un en-cas et une boisson chaude, mais surtout d’inciter ce public à se rendre dans les espaces solidarité insertion (ESI), orchestrés par l’Armée du salut. « Il ne s’agit pas tant pour nous de restauration que de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour convaincre les personnes de sortir de la rue, expose le porte-parole. C’est la raison pour laquelle la présence d’un travailleur social dans nos équipes de bénévoles est essentielle car cela suppose des compétences pour pouvoir nouer un lien de confiance et progresser à petits pas vers une démarche de mise à l’abri. »
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Née de la rencontre, voilà plus de vingt ans, entre des travailleuses du sexe (TDS) et des militantes féministes, l’association toulousaine Grisélidis mène une démarche de santé communautaire avec et pour les TDS. Au sein de son pôle terrain, elle déploie des maraudes à pied ou en bus deux fois par semaine, sur tous les lieux de prostitution, la nuit principalement mais aussi le jour pour rencontrer les travailleuses plus âgées. Son but : informer, sensibiliser et soutenir les TDS afin de contribuer à la réduction des risques. Dans le bus de l’association se relaient ainsi une infirmière, des médiatrices en santé, deux éducatrices et, à l’occasion, un médecin du CeGIDD (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic). « Notre priorité est de faire sentir aux personnes qu’elles ne sont pas seules. Il ne s’agit pas de les réinsérer à tout prix, mais de leur permettre de construire le projet de vie de leur choix, en leur donnant les moyens d’être plus autonomes. Pour celles qui le souhaitent, cependant, nous servons de passerelle vers l’accès aux droits (emploi, logement, demande d’asile, etc.) ou accompagnons celles qui veulent sortir de la prostitution », précise Anna Lehman, infirmière chargée du pôle « prévention santé » à Grisélidis. Particularité : les maraudes ont également lieu sur Internet grâce aux compétences numériques d’une médiatrice en santé, qui contacte directement les personnes sur les sites d’annonces et les réseaux sociaux.
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Transporter 200 à 300 repas chauds à moto pour les offrir aux migrants qui dorment dehors, tel est le pari du collectif Solidaire migrants Wilson, qui a institué des virées motorisées depuis octobre 2020. « Au moment où nous avons démarré, Paris était un campement à ciel ouvert. Il y avait des gens partout, qui se déplaçaient au gré des expulsions de la police. Avec une moto ou un scooter, on pouvait aller dans les endroits les plus reculés pour débusquer les personnes qui se cachaient », justifie Philippe Caro, membre de ce collectif. A l’instar de ce dernier, créé en 2016 par une poignée d’habitants de La Plaine-Saint-Denis, les maraudes sont exclusivement composées de citoyens bénévoles : une trentaine au total, qui se relaient deux ou trois fois par semaine en cuisine pour concocter les repas, puis les distribuer à travers les rues de la capitale. « Outre la moto, nous organisons aussi nos déplacements à pied, à vélo ou en voiture. On a même tenté une fois l’expérience avec un paddle et un canoë sur la Seine ! se souvient le bénévole. Tous les moyens sont bons pour venir en aide aux personnes à la rue. On sait qu’on n’a pas la solution globale, mais on fait notre part. »
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Souvent circonscrites aux centres-villes, les maraudes passent rarement les portes des agglomérations. A contrario, l’association Café des champs a fait des maraudes rurales sa spécialité. Implantée à Darnétal, à côté de Rouen, elle parcourt les routes des alentours dans les zones dites blanches, où personne n’intervient généralement. « Nous couvrons un rayon de 30 km au sein duquel nous rendons visite à quelque 70 bénéficiaires chez eux, pour leur apporter un peu de compagnie. La plupart sont des personnes âgées et isolées », explique Ghislaine Caron, coprésidente de l’association. Réalisées par des duos de bénévoles, ces visites, organisées en moyenne tous les quinze jours, sont aussi l’occasion de voir les personnes évoluer chez elles pour alerter les organismes compétents en cas de dégradation éventuelle du lieu ou du bénéficiaire. « Notre action reste toutefois concentrée sur le maintien d’un lien social. C’est pourquoi, en plus des visites à domicile, nous organisons aussi des activités culturelles (concerts, jeux…) dans des cafés de campagne où nous amenons nos bénéficiaires pour y passer l’après-midi », précise la fondatrice et ex-éducatrice spécialisée, Evelyne Dehut.
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Difficile aujourd’hui d’accéder à un service de droit commun ou de prendre un rendez-vous médical quand on est sans portable ni ordinateur. Lancée en 2021 pour une durée de deux ans par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), l’expérimentation « Maraud’In » vise à équiper et à fournir les maraudes en tablettes, smartphones, batteries nomades, recharges téléphoniques… pour lutter contre la fracture numérique des personnes en situation de grande précarité. Outre un accès à Internet, ces maraudes aident les publics à devenir autonomes grâce à la formation des équipes à la médiation numérique. « Cette formation permet de donner aux maraudeurs les clés pour réussir à évaluer les compétences de la personne accompagnée et pour s’adapter à leurs difficultés », détaille Sarra Cheklab, chargée de mission en inclusion numérique à la FAS. D’abord décliné dans six territoires français (Berck-sur-Mer, Lille, Strasbourg, Moulins, Guyane et Chambéry), ce dispositif a été rejoint cette année par 14 nouvelles maraudes, portant leur total à 20, pour un périmètre d’action couvrant dix régions françaises.
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