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Quand le Kansas chasse les discriminations « fantômes »

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Quand le Kansas chasse les discriminations « fantômes »

L’université du Kansas, dans l’Etat du Midwest des Etats-Unis, tente de comprendre les mécanismes des inégalités dans l’obtention du diplôme en travail social. Une quête qui prend des accents kafkaïens.

Pourquoi les candidats « blancs » sont-ils beaucoup plus susceptibles de réussir l’examen permettant de devenir un travailleur social agréé ? Pourquoi les personnes de couleur ou les candidats plus âgés y échouent-ils plus souvent ? Si la réussite à ce test nécessite en théorie des années de scolarité et des centaines d’heures de travail pratique sur le terrain, les disparités demeurent effectivement criantes, dans un pays qui n’a aucun complexe à brandir ses statistiques raciales ou ethniques et à faire appel à la discrimination positive pour tenter de les corriger. Selon les chiffres de l’université du Kansas, 88 % des « Blancs » ont réussi l’examen final dès leur première tentative, contre 56,1 % des « Noirs » et 75,6 % des « Hispaniques et Latinos ». Quant aux personnes âgées de 50 ans et plus, seules 72,6 % ont été reçues. Au cœur de campus étasuniens totalement investis dans la chasse aux discriminations et lancés dans une quête égalitaire qui peut prendre des accents puritains, la divulgation de ces chiffres a provoqué des appels provenant de tout le pays pour suspendre littéralement le test, qualifié de raciste et d’obstacle à l’embauche de davantage de travailleurs sociaux.

Absence d’éléments discriminants

Problème : même les critiques les plus virulentes de l’examen de l’université du Kansas n’y ont trouvé aucune trace de racisme ou de discrimination apparente. Certains professeurs évoquent d’autres hypothèses, à l’instar de Kortney Carr, doctorante en travail social. Selon elle, les personnes de couleur tarderaient à passer l’examen en privilégiant le travail de terrain avant la prolongation des études. « Ils ont développé leurs compétences pratiques, et cela ne correspond pas au manuel. Ils passent ensuite le test, qui est très enraciné dans le manuel et dans la façon dont nous enseignons. C’est juste différent à ce moment-là », a-t-elle expliqué auprès du journal du campus The Insider.

D’autres pistes de discriminations ont été creusées, à l’instar des écarts de revenus ou d’aides familiales, un phénomène classique qui explique déjà la présence de disparités similaires dans la plupart des concours et dans l’obtention de diplômes aux Etats-Unis. Mais malgré l’absence d’éléments racistes dans le test lui-même, de nombreuses voix plaident pour la suspension pure et simple de l’examen en travail social dans sa forme actuelle. Darla Coffey, présidente et directrice générale du Council on Social Work Education (Conseil du travail social), milite même pour que le bannissement de l’examen soit étendu à l’ensemble du pays, le temps d’en apprendre davantage.

Suspendre l’examen

Une quête qui s’annonce particulièrement longue et ardue. Car les statistiques des campus s’avèrent elles-mêmes très diverses et ne disent pas toutes la même chose. Ainsi, à l’université du Texas à Austin, les taux de réussite des étudiants « hispaniques et latinos » comme des « blancs » atteignent 94 %. Dans celle de l’Indiana, ce sont les étudiants « noirs » et « latinos » qui dépassent leurs homologues « blancs ».

Des courbes statistiques qui n’ébranlent pas l’exigence de justice raciale brandie par cette même Darla Coffey, laquelle persiste et signe : « Nous devons comprendre exactement ce qui se passe avant de pouvoir aller de l’avant. On ne peut pas se contenter de dire que quelque chose ne va pas et ne rien faire. Il y a quelque chose qui ne va pas avec le test ! » Sa suspension effective aurait pourtant des conséquences concrètes pour les prochains diplômés en travail social, qui seraient alors privés d’un sésame essentiel dans l’évolution de leurs carrières et de leurs salaires.

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