L’époque où aller sur Internet était un choix est révolue et la numérisation à marche forcée de la société laisse sur le bord de la route de nombreuses personnes. Une fracture numérique qui nuit à l’accès aux droits et à l’insertion de nombreux citoyens. Ne pas avoir accès à Internet ou ne pas savoir utiliser les outils numériques représente un handicap pour près de 17 % de la population française, selon une étude de l’Insee parue en 2019.
Pour lutter contre l’illectronisme, l’association Konexio sensibilise, forme, et accompagne des personnes dans le besoin pour garantir leur inclusion numérique. « Lorsqu’ils abordent la fracture numérique, les pouvoirs publics mettent beaucoup en avant le manque de connectivité lié à l’équipement. Mais l’un des facteurs majeurs d’exclusion, c’est la non-maîtrise des outils et le manque d’éducation numérique », indique Jean Guo, fondatrice de Konexio.
Diagnostiquer et accompagner
La majorité des usagers de Konexio sont orientés par des partenaires de l’association : Pôle emploi, missions locales, points d’accès au droit, etc. Toutefois, à leur arrivée, les profils des apprenants sont très hétérogènes. Selon la fondatrice de l’association, en matière d’intégration sur le marché du travail, la « fracture numérique n’est pas seulement générationnelle ». Elle explique : « L’exclusion touche aussi les jeunes. Nous en formons beaucoup. Bien qu’ils soient nés avec le numérique, leur utilisation quotidienne des réseaux sociaux n’a rien à voir avec l’usage d’outils professionnels comme des tableurs, des logiciels de traitement de texte, une boite mail ou encore un site web. » Migrants, jeunes issus de quartiers défavorisés, personnes en situation de handicap, adolescents déscolarisés, quadragénaires peu qualifiés à la recherche d’un emploi… L’exclusion numérique s’ajoute souvent à la précarité et à des fragilités sociales déjà existantes.
Or, aujourd’hui plus que jamais, insertion professionnelle et inclusion numérique sont très fortement corrélées. « En France, aujourd’hui, 86 % des démarches permettant d’aller vers le marché de l’emploi (recherche d’offres, candidatures, campagnes de recrutement) sont digitalisées. Parmi les personnes éloignées de l’emploi, 90 % présentent des difficultés avec les outils numériques », assure Jean Guo. Créée en 2016, l’association est depuis labélisée organisme de formation. Ce qui lui permet de conventionner des contrats d’apprentissage avec des entreprises et de délivrer des formations certifiantes à ses apprentis. Présente sur 40 sites de formation dans les régions de Lille, Bordeaux, et Paris, Konexio a déjà formé 4 500 apprentis depuis sa création.
Des formations certifiantes
Les certifications sont délivrées par des formateurs et conseillers numériques salariés de l’association. Parmi les diplômes décernés, on trouve des métiers à forts débouchés professionnels comme celui de développeur web ou de technicien supérieur systèmes et réseaux. L’apprentissage des usages de base (vie quotidienne, tâches administratives, accès aux droits) est, elle, assurée par des bénévoles de l’association. Chaque semaine, ils donnent deux heures de leurs temps pour accompagner des apprenants.
Mais, inévitablement, plus la dématérialisation s’accélère, plus la demande d’assistance numérique croît. Selon le rapport du sénateur Raymond Vall, publié en 2020 dans le cadre de la mission d’information « Lutte contre l’illectronisme et l’inclusion numérique » : « Les exclus du numérique se tournent de plus en plus, pour garantir leurs droits, vers les travailleurs sociaux qui, dans 75 % des cas, effectuent des démarches à la place de l’usager, et vers les bénévoles des associations d’aide aux personnes en grande précarité, qui sont de plus en plus débordés. »
Face à cet afflux de demandes, Konexio forme également au métier d’aidant numérique. Ce module s’adresse à toute personne qui, dans le cadre d’une activité bénévole ou salariée, aide des usagers à effectuer leurs démarches administratives dématérialisées. Dans le but de construire un socle commun, l’association souhaite « porter des synergies avec des structures d’insertion, d’accompagnement social et ambitionne de franchir la barre des 2 000 apprenants à l’année ».