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Une Mecs à l’épreuve des passages à l’acte

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En Vendée, la tentative de suicide d’une jeune fille placée a conduit la direction et les équipes d’une maison d’enfants à caractère social (Mecs) à s’attaquer au problème. Objectif : continuer à accueillir les adolescents suicidaires et soutenir les professionnels.

À l’Hermitage, en Vendée, dégradations matérielles, violences, scarifications, transferts sur les éducateurs, tentatives de suicide… sont autant d’accidents auxquels sont confrontés les professionnels d’un des trois services de la maison d’enfants à caractère social Charles de Foucauld, soutenue par les Apprentis d’Auteuil depuis son ouverture en 2010. Une petite unité récente, consacrée à quatre jeunes filles âgées de 13 à 21 ans, aux parcours particulièrement difficiles. Tout a commencé, il y a quelques années, quand une adolescente du foyer a tenté de se pendre. Elle a survécu de justesse grâce à l’intervention de Magalie Babarit, éducatrice spécialisée. « Je me suis toujours demandé pourquoi c’était arrivé sur ma matinée », raconte cette dernière encore marquée par cet événement. Elle évoque une relation complexe avec la jeune fille. Poussée par une sorte d’« instinct, sentant qu’elle n’était pas comme d’habitude », la travailleuse sociale l’a décrochée in extremis.

Pas de banalisation

Une situation qui a conduit l’équipe à un important travail de réflexion. « C’était extrêmement violent pour tout le monde, pour les jeunes aussi. Il fallait réaccueillir, assurer la continuité dans la prise en charge mais pas n’importe comment. Nous devions être sûrs de protéger, de dépasser le moment de sidération », se souvient le directeur de la Mecs, Olivier Crépon, qui, en dix ans, a connu plusieurs passages à l’acte « très graves ». Ce qui supposait non seulement d’accompagner individuellement l’éducatrice et la jeune fille mais aussi de prendre en compte la « dimension communautaire de cet acte suicidaire et de s’assurer qu’il ne soit pas banalisé », explique Franck Brohan, éducateur spécialisé. Si l’éducatrice a bénéficié d’un service de déchocage et d’un suivi psychologique, un contrat a été passé avec l’adolescente. « Nous sommes partis du principe que c’était très dur pour elle, mais aussi pour les autres. Il fallait que la jeune fille l’entende », souligne Olivier Crépon. A son retour d’hospitalisation, des rencontres ont donc été organisées avec un responsable, un éducateur référent, une psychologue et les autres jeunes de l’établissement. « En expliquant son acte, elle se remettait en contact avec les autres. Elle devenait actrice et nous, en lui montrant qu’elle ne pouvait pas revenir comme si de rien n’était, on l’obligeait à verbaliser, à réfléchir », assure le directeur.

« Des moyens et du soin »

Une transformation s’installe alors peu à peu dans la posture des professionnels. « Aujourd’hui, le suicide est un thème que nous abordons beaucoup plus facilement avec les jeunes », indique Franck Brohan. En matière de prévention, l’éducateur pointe aussi l’importance de l’accompagnement de proximité pour maintenir les adolescents en mouvement. Par exemple, par le biais d’activités telles que la zoothérapie, l’intervention d’une socio-esthéticienne ou encore l’organisation de séjours qui leur permettent de réaliser un petit pas de côté. « Ces moments de vie sont là pour qu’elles s’aperçoivent qu’elles ont des compétences », déclare Olivier Crépon. Ils les aident à se décentrer alors qu’« elles ont du mal à faire groupe, renchérit Magalie Babarit. Ces projets permettent à chacune de s’investir et créer du lien. »

Néanmoins, la vigilance reste de mise. « Quand nous les sentons plus fragiles, nous mettons en place des ateliers plus petits, des accueils sur l’extérieur. Nous essayons de nous adapter », ajoute l’éducatrice. Sans oublier le soin, toujours présent. A cet égard, la Mecs admet « jouer plusieurs partitions ». L’établissement s’appuie sur le médecin référent « protection de l’enfance », le centre médico-psychologique, l’équipe mobile du CHU et le centre de soins pour adolescents, avec lequel il organise plusieurs réunions dans l’année. « Lorsqu’il y a passage à l’acte, il faut pouvoir soigner mais aussi s’appuyer sur des partenaires pour les prévenir. La continuité du soin est très liée à celle de la prise en charge éducative. Il est essentiel que j’apporte aux équipes des moyens et du soutien », déclare Olivier Crépon. Celui-ci s’assure en parallèle de la cohésion des équipes : « Le seul moyen pour que cela fonctionne avec ces jeunes est d’être attentif les uns aux autres, avec des prises de relais. » Un constat partagé par Franck Brohan : « Il y a toujours une forme d’équilibre à trouver. Le travail d’équipe permet de se préserver et d’avancer sur ces questions, grâce aux formations collectives mais aussi aux temps de réunion, avec des regards croisés. »

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