Pour ses 90 ans, la revue Esprit a choisi de consacrer son dossier au travail social. Un travail dont il est impossible de se passer aujourd’hui mais qui n’est pas si ancien. Le diplôme d’assistante sociale a été créé en 1938, celui d’éducateur spécialisé en 1945. Mais il faudra attendre les années 1970 pour que les métiers du social s’imposent. Il ne s’agit pas alors de ré-inventer la société mais de la réparer. « Les travailleurs sociaux sont emportés dans la spirale de la rustine », écrit le philosophe spécialiste des questions sociales Guillaume Le Blanc. Un peu plus tard, chômage et précarité s’installant, les travailleurs sociaux deviennent les garants de l’insertion et de l’ordre social, les « techniciens » du lien et du recours aux droits. Mais à l’aide inconditionnelle, à la relation privilégiée avec le public qu’ils défendent, la société leur oppose la responsabilisation individuelle, la contrepartie, le coût… Loués dans les discours, le « care », l’attention aux plus démunis, ont du mal à exister. Les travailleurs sociaux aussi. A travers différentes contributions, ce numéro tente de leur redonner leur dignité.
« Il était une fois le travail social » – Revue Esprit n° 490, 20 € version papier, 12,99 € version numérique.