« En constituant un langage dominant commun, le discours managérial tend à formater la société contemporaine : il met l’humain au service des organisations, de leur fonctionnement et de leur rentabilité plutôt que l’inverse ; il limite aussi les questionnements et les perspectives de changement social », affirme la chercheuse Agnès Vandevelde-Rougale dans un essai incisif. Mieux, les mots de l’entreprise se sont infiltrés partout jusque dans la vie privée. Il en va ainsi aujourd’hui des « compétences » parentales, de l’« optimisation » de ses vacances, de la « valorisation » de son potentiel, des « objectifs » que chacun est censé se fixer, ou encore de l’utilisation répandue de l’expression « je gère ». Un jargon qui renvoie à une vision utilitaire, efficace de la communication et des émotions quand, de son côté, le développement personnel surfe sur la responsabilité individuelle. Pour se libérer d’un champ lexical par trop néolibéral, l’autrice propose de chercher d’autres manières de dire. Et de réintroduire le doute dans la pensée.
« Mots et illusions : quand la langue du management nous gouverne » – Agnès Vandevelde-Rougale – Ed. 10/18, 6 €.