Littéralement débordés par les urgences, avec près de huit appels sur dix concernant des problématiques médicales liées à la toxicomanie ou encore à la santé mentale, les pompiers de Salt Lake City voient leurs effectifs s’étoffer, et leurs compétences s’élargir. Sur proposition de la mairie de la capitale de l’Utah, la caserne de la ville s’est en effet attaché les services d’un praticien hospitalier, d’un travailleur social, et d’un spécialiste des services sociaux pour faire face à l’explosion des appels nécessitant une assistance médicale. « N’importe quel pompier vous dira qu’il n’y a pas deux jours identiques, pas deux appels qui se ressemblent, ni deux personnes qui ont exactement les mêmes besoins », explique Erin Mendenhall, l’édile démocrate de Salt Lake City. « Je pense donc que c’est une évolution naturelle du service incendie de la ville que de développer ses équipes de façon dynamique afin de faire face à ses besoins », a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse, alors que les statistiques de ce même service incendie font état de 31 000 appels en urgence en 2021, dont près de 25 000 pour des demandes d’interventions et d’assistance médicale.
« Les pompiers et les ambulanciers sont prêts à faire face à toutes sortes d’urgences, en particulier les scénarios de vie ou de mort. Mais ils ne sont pas toujours prêts à gérer des personnes en pleine crise de santé mentale ou qui font face à des problèmes de toxicomanie », explique de son côté Karl Lieb, le chef de la caserne des pompiers, cité par la presse locale. « C’est là que les travailleurs sociaux entrent en jeu, et c’est pourquoi nous sommes si heureux de les avoir. Un travailleur social certifié, instruit et expérimenté apportera des ressources inestimables à notre équipe », veut-il croire.
Le conseil municipal de Salt Lake City, une ville fondée au XIXe siècle par des pionniers mormons, aujourd’hui dirigée sans discontinuer par une majorité démocrate, a affecté un budget de 315 000 dollars pour financer le programme initial. Et si les trois membres de l’équipe rattachée à la caserne ne seront disponibles qu’en semaine, de 7 h 30 à 20 h 30, la ville s’est engagée à déployer à terme un service permanent, conforme à l’initiative qui épaule déjà la police municipale. Laquelle compte désormais près de 20 travailleurs sociaux travaillant directement avec le commissariat. L’équipe est censée assurer la coordination des soins entre les différents organismes sociaux, comme l’aide alimentaire ou l’aide au logement pour les sans-abri, tandis que les agents ont été formés pour identifier les caractéristiques des divers troubles mentaux et les moyens pour y faire face.
En mars 2021, la police de la ville avait exigé le recrutement d’un travailleur social supplémentaire auprès d’elle : un agent avait blessé par balles un jeune autiste en fuite, alors que sa mère demandait seulement l’intervention des forces de l’ordre pour le conduire à l’hôpital.
Outre un fonctionnement 24 heures sur 24 prévu à court terme, Erin Mendenhall assure que d’autres villes de l’Utah envisagent de jumeler à leur tour des travailleurs sociaux avec des pompiers et des ambulanciers. Afin que si « vous appelez le 911 [le numéro à composer en cas d’urgence aux Etats-Unis, ndlr], quelle que soit l’urgence, vous puissiez bénéficier du professionnalisme de l’intervention, qu’il s’agisse d’un travailleur social ou d’un soldat du feu ».