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États-Unis : « Big Pharma » enfin rattrapé par la crise des opiacés

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États-Unis : « Big Pharma » enfin rattrapé par la crise des opiacés

Dans l’Ohio, deux comtés ont obtenu la condamnation de plusieurs géants de la pharmacie pour avoir massivement distribué des analgésiques opioïdes ou à base de morphine. Les travailleurs sociaux développent des compétences spécialisées pour aider les toxicomanes et leurs familles.

C’est une forme d’épidémie longtemps restée tapie dans l’ombre, qui aurait provoqué plus de 500 000 décès en à peine vingt ans, et qu’un jugement historique vient de partiellement mettre en lumière. Le 17 août dernier, un juge de l’Ohio, dans le nord des Etats-Unis, condamnait les géants de la pharmacie Walmart, Walgreens et CVS à verser 650,6 millions de dollars aux comtés de Lake et Trumbull pour y avoir commercialisé des analgésiques opioïdes. L’amende est censée « financer des programmes d’éducation et de prévention, et rembourser les agences et organisations pour les frais encourus pour gérer la crise », indique un communiqué du cabinet d’avocats The Lanier Law Firm.

Les exécutifs des comtés « voulaient simplement être dédommagés du fardeau d’une consommation de drogue soutenue par la cupidité des entreprises, la négligence et le manque de responsabilité de ces chaînes pharmaceutiques. Nous sommes heureux que le tribunal ait reconnu qu’il existait des plans réalisables pour aider leurs communautés et que [cet argent] pourra y contribuer », a ajouté l’avocat Mark Lanier.

Une urgence de santé publique

Même si d’autres plaintes similaires sont en cours aux Etats-Unis, l’Etat de l’Ohio a été particulièrement exposé à la crise dite des « opiacés », reconnue seulement en 2017 par le département d’Etat américain de la Santé et des services sociaux comme une urgence de santé publique. Selon les statistiques officielles, environ 130 personnes meurent chaque jour d’une surdose de ces drogues que Walmart, Walgreens et CVS distribuaient avec une grande légèreté, parfois en fermant les yeux sur des ordonnances de complaisance ou falsifiées. « Près de 900 000 personnes ont consommé de l’héroïne et 11,4 millions ont déclaré avoir abusé d’opioïdes sur ordonnance » à l’échelle du pays, relève l’université de l’Ohio, qui propose un master en travail social afin de former des professionnels amenés à aider « les populations à risque à relever divers défis de la vie, en particulier ceux qui découlent des problèmes de toxicomanie ».

« La gestion de ce raz-de-marée incombe à des intervenants dans de nombreux domaines différents. Les travailleurs sociaux constituent l’un des plus grands groupes de professionnels au service de la lutte contre la toxicomanie. Ils ont besoin de connaissances et de compétences spécialisées pour aider les toxicomanes et leurs familles », souligne encore l’université qui a documenté la manière dont les sociétés pharmaceutiques, dès la fin des années 1990, ont « rassuré les prestataires médicaux sur le fait que les analgésiques opioïdes, tels l’oxycodone, la codéine et la morphine, étaient sûrs et non “addictifs” ».

Sensibiliser les travailleurs sociaux

Pour faire face à cet enjeu de santé publique, le cursus proposé par l’université sensibilise les travailleurs sociaux à l’usage de médicaments de substitution et de sevrage pour les toxicomanes, comme aux combinaisons de ces mêmes traitements avec les « thérapies psychosociales et médicales ».

Aux Etats-Unis, les coûts faramineux liés à l’épidémie d’opioïdes ont poussé plusieurs compagnies d’assurance, à l’instar de CeltiCare implantée dans le Massachusetts, à embaucher des travailleurs sociaux pour accélérer les processus de guérison et réduire les temps de prise en charge. « Nous pensons que cela coûtera beaucoup moins cher », assure le PDG de CeltiCare Jay Gonzalez, cité dans l’étude réalisée par l’université de l’Ohio, avant de préciser : « Alors que la crise des opioïdes se poursuit, les organisations chercheront des moyens de réduire son impact financier, et les travailleurs sociaux feront partie de l’équation. »

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