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La participation, un droit fondamental

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De la Nouvelle-Zélande à l’Ecosse, la mise en œuvre des conférences familiales est associée à de profondes transformations sociales et sociétales, comme l’émergence de la notion de « participation des familles ». Retour d’expérience avec deux experts anglo-saxons.

Pour Paul Nixon, il n’y a pas de doute. L’obligation inscrite dans la loi néo-zélandaise de proposer des conférences aux familles a permis une profonde transformation de la protection de l’enfance. « La clé est de changer la manière dont sont prises les décisions. C’est ce que produisent les conférences familiales. En changeant la manière de décider, on change les résultats », insiste-t-il. Cet ancien éducateur a commencé à mettre en place des conférences en Angleterre dès le début des années 1990, partant du constat qu’il y avait « une approche bien trop basique pour placer les enfants », qui ne fonctionnait pas.

Désormais basé en Nouvelle-Zélande, où est né le dispositif, il y observe les pratiques. « En plus de trente ans, elles ont conduit à une importante baisse du nombre d’enfants placés, de jeunes incarcérés et de procédures judiciaires », assure-t-il. Et pour cause : dans ce pays, les conférences sont organisées de manière quasi systématique. On en compte 10 000 chaque année, et 250 coordinateurs sont employés, principalement des travailleurs sociaux. Et ce, pour une population de 5,1 millions d’habitants. Avec moins de 6 000 enfants confiés au total, l’archipel affiche l’un des plus faibles taux de placement par habitant au monde, deux fois inférieur à celui de la France. Autre différence : 64 % d’entre eux sont placés chez des tiers dignes de confiance, bien loin des 10 % français.

Les familles au cœur des institutions

Au-delà de ces chiffres, l’important, d’après Paul Nixon, n’est pas de se focaliser sur l’efficacité de la démarche mais plutôt sur l’acquisition des droits fondamentaux grâce au plaidoyer des Maoris. « Beaucoup de pays occidentaux produisent actuellement des recherches pour voir si les conférences fonctionnent. Mais je crois qu’ils se méprennent. Ils les perçoivent comme une intervention, une méthode de travail social, là où, en Nouvelle-Zélande, c’est plus une question de droits humains, tout comme le droit de vote », déclare-t-il. Un point de vue permettant de balayer la question que se posent beaucoup de professionnels, à savoir : quelles sont les personnes concernées par ces conférences ? « L’interrogation devrait plutôt être : quand devons-nous utiliser les conférences familiales ? La réponse étant : à chaque fois qu’une importante décision doit être prise pour un enfant. »

A quelque 18 000 km de la Nouvelle-Zélande, en Ecosse, les conférences familiales se répandent aussi depuis quelques années. « Ce mouvement a commencé au début des années 1990, mais il s’est ensuite un peu essoufflé, raconte la chercheuse écossaise Mary Mitchell. Il a finalement pu se mettre en place parce que les politiques et les lois écossaises ont progressé sur la nécessité de la participation des familles et des enfants. La conférence familiale est maintenant perçue comme une approche très utile pour s’en assurer. » De ce fait, les étudiants en travail social sont sensibilisés à ce processus dès l’université et des unités spécifiques sont apparues dans les grandes villes. Un service d’un peu moins de 20 coordinateurs est employé par l’autorité locale à Edimbourg, en parallèle de travailleurs indépendants.

Mais, faute d’être inscrites dans la loi, ces démarches à travers le monde restent très dépendantes du positionnement des autorités, selon Paul Nixon « Si l’institution est organisée autour du contrôle des professionnels et des familles, les conférences familiales ne pourront pas survivre. Si l’institution est tournée sur le fait de donner la parole aux communautés, aux familles, sur le respect du droit des personnes, alors elles pourront probablement se développer. » En Nouvelle-Zélande, l’institutionnalisation commence néanmoins à poser quelques problèmes. Liés au manque d’effectif pour répondre à toutes les demandes, mais aussi à l’installation des coordinateurs dans les mêmes bureaux que les services sociaux. « On brûle parfois des étapes en réalisant beaucoup de conférences en peu de temps, au risque d’en perdre l’essence », regrette-t-il. Il n’en demeure pas moins, selon lui, que « ne pas les réaliser parfaitement reste préférable à ne pas les effectuer du tout ».

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