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Le bon, la brute et les bruyants

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C’est une énième polémique. Toujours le même sujet, toujours les mêmes idées. Des élus proposent que l’allocation de rentrée scolaire soit versée sous forme de bons d’achat utilisables dans certaines enseignes agréées afin de permettre l’achat d’un trousseau de fournitures. Ainsi, les mauvais parents seront empêchés de flamber cette manne providentielle en vêtements de marque, sacs de luxe et matériel high-tech dernier cri.

L’habituelle rengaine au goût rance qui revient chaque année. Les pauvres qui s’en mettent plein les poches, dilapidant l’argent du contribuable en écrans plats et vacances tous frais payés, ces maudits pauvres qui ont « tout gratuit » alors que les honnêtes travailleurs, eux, suent sang et eau à longueur d’année pour être finalement écrasés par les impôts qui finiront directement sur le compte de ces feignasses qui boivent l’argent des allocs.

Et, comme chaque année, le débat enfle entre partisans et opposants de l’idée remise au goût du jour.

Mais cette année, une autre polémique a pris le dessus. Dans les prisons de Fresnes, il y a des prisonniers. Et dans les cités de Fresnes, il y a Djibril. Le jeune homme, ancien sportif professionnel aujourd’hui commercial, a un objectif qui ferait rêver n’importe quel travailleur social, « celui de véhiculer une image positive des quartiers (…), mais aussi changer les représentations qu’ils peuvent avoir des autorités ».

Et pour cela, quoi de mieux que de faire se rencontrer ceux qui vivent entre les murs et ceux qui sont en dehors, en y mêlant ceux qui les franchissent chaque jour ? Alors, le temps d’une journée, jeunes habitants d’une cité, personnes incarcérées et surveillants de prison s’affrontent en de joyeuses équipes autour de jeux tout aussi joyeux, mêlant quiz, kart et caritatif.

Des détenus qui s’amusent ? Comment osent-ils ? La prison est une sanction, pas une récréation, scandent les mêmes qui prônaient il y a quelques jours le contrôle de l’allocation de rentrée scolaire. L’emprisonnement doit aussi servir à la réinsertion, et ces activités y participent, rétorque Dominique Simonnot, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté.

Et c’est reparti pour un tour, les mêmes vieux discours, les mêmes vieilles rancunes, de toute façon, la prison, c’est le Club Med, c’est une honte messieurs-dames, une honte ! C’est connu, un bon pauvre doit se conformer docilement au contrôle social et un bon détenu doit se repentir dans la souffrance. Et en silence, s’il vous plaît, faudrait surtout pas se faire surprendre à sourire, l’amusement ne fait pas partie des priorités, voyons !

« Mais c’est normal qu’ils s’amusent, ils vont pas s’emmerder à compter les cafards toute la journée ! », m’a très sérieusement répondu mon grand garçon. Si un enfant de 10 ans peut le comprendre, un ministre de la Justice pourrait peut-être prendre le temps d’y réfléchir…

La minute de Flo

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