Recevoir la newsletter

Tôt ou T’Art, la culture en réseau

Article réservé aux abonnés

L’association alsacienne Tôt ou T’Art favorise la coopération et les échanges entre les structures sociales, médico-sociales et culturelles de son réseau. Objectif : mener à bien des projets artistiques et culturels à destination des personnes en difficulté.

Des adolescents et adultes déficients intellectuels de la Maison Picasso, service artistique du Centre de Harthouse de Haguenau, préparent pour l’automne une exposition en extérieur en collaboration avec la Maison de l’eau et de la rivière de Frohmuhl (Bas-Rhin). « Nous prolongeons leurs dix séances de médiation sur la nature par des activités créatives en interne », explique Agnès Jully, éducatrice technique spécialisée. Les deux établissements ont tissé des liens grâce à l’association alsacienne Tôt ou T’Art. Née il y a vingt ans, celle-ci met en réseau sur son territoire plus de 300 établissements sociaux, médico-sociaux et d’insertion professionnelle et une centaine de structures culturelles de tous bords, dans les domaines patrimonial, scientifique comme du spectacle vivant. « Tôt ou T’Art entend permettre l’expression des identités culturelles de chacun. La culture est un droit, d’abord celui d’exprimer qui l’on est », résume Cécile Haeffelé, directrice de l’association.

A la sortie de la Covid-19, la compagnie strasbourgeoise Actemo théâtre s’est interrogée : comment être des artistes quand on ne réalise pas de spectacles ? Avec le soutien de Tôt ou T’Art, elle vient de conclure une première expérimentation de son Groupe autonome de spectateurs. Pendant quatre mois, deux de ses artistes ont accompagné une dizaine de personnes, issues d’un centre socio-culturel, d’un centre de soins en addictologie et d’un foyer pour demandeurs d’asile. Objectif : les ouvrir au théâtre via les marionnettes contemporaines, le cirque ou la magie. Les participants ont choisi les pièces ensemble, pris part à des ateliers pour en saisir l’univers et appris à porter une parole critique sur ce qu’ils ont vu. « Actemo nous avait directement approchés, relate Charles Abry, chargé du suivi social de personnes précaires au centre socio-culturel du quartier Gare à Strasbourg. Tôt ou T’Art a ensuite activé son réseau pour que deux autres structures s’associent. » D’après lui, l’expérimentation a d’abord été un liant précieux pour des personnes souvent isolées. « Leur rapport à leur accompagnement en a complètement été changé », ajoute-t-il, relatant l’exemple d’une jeune réfugiée : « Elle ose maintenant me dire ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas. »

De spectateur à acteur

L’intervenant social avait déjà profité de la billetterie au tarif unique de 3 €, réservée aux 65 000 bénéficiaires des structures membres de Tôt ou T’Art, pour conduire cinq curieux à un seul en scène. « Le sujet, des scènes autobiographiques du quotidien, et le registre de l’humour les avaient attirés », se souvient-il. L’Espace K, la salle de spectacle, leur avait ouvert ses coulisses et permis une discussion avec l’artiste. Le médiateur social épluche maintenant la plateforme de Tôt ou t’Art, qui centralise toutes les offres de sorties à tarif négocié, pour présenter aux intéressés une sélection dans laquelle piocher à la rentrée. Chaque année, près de 16 000 billets sont proposés dont 9 000 trouvent preneur.

Tous les ans, Tôt ou T’Art soutient aussi une vingtaine d’initiatives mêlant dispositifs culturels et sociaux. L’idée est de mettre les personnes en position d’acteur et pas seulement de spectateur. « Des gens pensant ne pas avoir de culture peuvent se révéler extrêmement créatifs », défend Cécile Haeffelé. « La pratique artistique lève la peur de mal faire puisque dans ce domaine, il n’y a pas de mauvais résultats », observe Magali Michot, coordinatrice d’ateliers d’accompagnement vers l’emploi à Entraide Le Relais, dont une dizaine de bénéficiaires ont pris part au projet « Noir sur blanc, Blanc sur noir », l’an dernier, en partenariat avec la scène européenne du Maillon à Strasbourg. « Il s’agissait d’un cheminement dont l’aboutissement était d’aller voir le spectacle », décrit-elle. Avant d’assister à une création axée sur le tissu et le contraste, les volontaires avaient appréhendé la démarche de la compagnie par des rencontres et six heures d’atelier à la croisée des arts plastiques et de la danse, financées par Tôt ou T’Art.

Magali Michot s’est récemment formée auprès de l’association au conte comme outil de médiation : « J’ai souvent tenu des ateliers d’écriture dans ma structure mais j’ai pu enrichir mes compétences. » A la sortie de la crise sanitaire, Agnès Jully avait, quant à elle, suivi une formation pour remobiliser ses collègues autour des démarches culturelles. « J’ai été confortée, et je me suis sentie moins seule », confie l’éducatrice. Car « convaincre nos directions n’est pas toujours aisé », concède Charles Abry.

Numéro spécial

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur