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Peindre hors les murs

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Du 11 au 22 août prochains, l’Orangerie du Sénat, à Paris, accueille l’exposition « L’art coûte que coûte », réunissant près de 130 œuvres réalisées par des artistes en situation de handicap

Certains s’adonnent au pointillisme, d’autres imaginent des jardins extraordinaires. Et puis il y a cette jeune femme, dont l’autoportrait propose des croix à la place des yeux et de la bouche. « Elle ne veut ni voir son handicap ni en parler », précise Joëlle Bécard, plasticienne et animatrice d’un atelier d’arts plastiques au sein d’APF France handicap depuis quarante-cinq ans. Le fruit de son travail auprès de personnes en situation de handicap vivant à la résidence autonomie du Maine (Paris XIVe) se concrétise par une exposition à l’Orangerie du Sénat, du 11 au 22 août prochains. Près de 130 œuvres pour exister au-delà de son corps empêché.

« Ce n’est pas de l’art-thérapie. Ils ont déjà des psychothérapeutes, des ergothérapeutes et des psychologues. Moi, je leur offre un espace de liberté et je les considère de la même manière que des artistes valides. La vie est déjà tellement codifiée en foyer que je voulais que cet atelier soit tout le contraire. On est à la fois dans l’institution et hors de l’institution. » Voilà pour la philosophie du projet. Ceux qui ont ainsi choisi de s’exprimer à travers la peinture souffrent de traumatismes crâniens, de myopathie, de sclérose en plaques ou sont infirmes moteurs cérébraux… Egalement des personnes rencontrant des problèmes psychologiques associés, des troubles bipolaires ou de l’épilepsie. Quelles que soient les difficultés, il y a une manière de s’emparer de l’art pour exprimer son parcours ou son intimité.

Ce n’est pas Joëlle Bécard qui décide comment les uns ou les autres vont pouvoir concrètement attraper un pinceau ou mélanger les couleurs. L’ergothérapeute lui indique si l’un peut peindre avec sa main ou sa bouche, l’autre avec son pied ou sa tête. « Je me suis adaptée à chacun et je les accompagne pour trouver les bons rythmes, les bons dégradés… Il est évident qu’une personne dont le poignet est bloqué fera de tout petits personnages. Ce serait une aberration de lui donner une grande surface à peindre. A l’inverse, une personne ayant des gestes incontrôlés aura besoin de plus d’espace. »

Une partie des tableaux et des sculptures exposées au jardin du Luxembourg émane par ailleurs de l’institut d’éducation motrice (IEM) Le Petit Tremblay, dans l’Essonne. Des œuvres abstraites réalisées par des enfants et des adolescents âgés de 7 à 20 ans dans le cadre d’un atelier au long cours. « C’est avant tout un lieu d’expression », explique Agnès Poulain, éducatrice spécialisée. « Certains enfants traversent des moments où ils sont très mal et n’arrivent pas à partager ce qu’ils ressentent. Il y a parfois de la colère aussi. Venir dans cette salle, dessiner, peindre, modeler, peu importe, ça les calme. » Une sorte de parenthèse enchantée où plus rien n’existe, si ce n’est la matière, les pigments, les courbes. Sans règles ni censure.

« Je privilégie l’art abstrait, les contraintes techniques sont moindres. Si je leur donne un vase comme thème de départ, un enfant peut le dessiner avec beaucoup de précision, quand son voisin ne reproduira que sa couleur. Je me souviens d’un ado qui avait peint des morceaux de verre. En voyant ma surprise, il m’a dit : “C’est normal, le vase est cassé !” Chacun dit un peu de lui. »

Infos pratiques

« L’art coûte que coûte », du 11 au 22 août 2022 à l’Orangerie du Sénat, dans le jardin du Luxembourg (Paris VIe) – Accès porte Férou (19 bis, rue de Vaugirard) – Entrée libre du lundi au dimanche, de 11 h à 20 h.

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