Armelle Vanneste est éducatrice spécialisée. Depuis dix ans, elle travaille à mi-temps à l’hôpital de Montfavet, dans deux services fermés de psychiatrie générale. Elle y est la seule « éduc spé » en place. L’un accueille des adultes en crise, l’autre, des post-crise. « Le but initial était de les occuper parce que le temps est parfois long, et l’ennui peut entraîner des comportements inadaptés », indique-t-elle. En 2020, elle a suivi la formation « Animation d’ateliers de psychothérapie à médiation créatrice », niveau 1(1). Soit une semaine pour découvrir l’atelier Marie Laurencin. Créé en 1989, il a fait, en la matière, la réputation de l’hôpital psychiatrique. Six autres ont vu le jour depuis consacrés aux arts plastiques, à l’écriture, à la danse, au théâtre, à la photographie… La démarche est particulière : soigner par la création dans un atelier, cadre thérapeutique. Le patient est censé aller au bout de son travail et soumettre ses créations au regard d’autrui lorsqu’elles sont abouties. Il peut aussi les garder pour lui, les jeter ou les détruire… Jusqu’à ce stade, tout reste secret. « Le patient seul décide, lorsqu’il est prêt, de ce qu’il fait de ses œuvres, comme les sortir de l’atelier pour qu’elles soient exposées par exemple, voire vendues », résume Marion Malbrun, infirmière à Montfavet. Le projet est d’ouvrir aux participants – appellation de rigueur – la voie de la création en leur assurant une animation par une équipe de soignants et la présence d’un artiste (plasticien, comédien, chef de chœur, photographe professionnel…). « La première étape de ma formation m’a déjà permis d’apprendre comment lancer un atelier peinture, acquérir des techniques, enrichir ma pratique, être plus autonome, innover », détaille Armelle Vanneste. Après l’atelier, elle a pu constater une évolution chez les participants. « Certains arrivent à produire des choses, c’est parfois très étonnant, il y a de très belles créations », confie-t-elle. Et d’ajouter : « Cela laisse sortir des émotions, et peut aussi calmer. » Autre atout : lors des relèves pluridisciplinaires, l’éducatrice est à même d’échanger avec un médecin, une psychologue, une assistante sociale… de transmettre ses observations en cas de ressenti ou de comportement particuliers d’un participant. « L’atelier est important pour le corps médical, il leur apporte un autre regard, les sensibilise à une autre approche sur tout ce qui relève du soin. » Pour se perfectionner, Armelle Vanneste s’est déjà inscrite à la formation de niveau 2 qui aura lieu en 2023 où elle se familiarisera à l’atelier d’écriture.
(1) L’hôpital Montfavet a développé un cycle de formation en deux niveaux pouvant être pris en charge par la formation continue, à l’intention des professionnels du soin et du secteur médico-social.