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Israël, à rebours de l’anti-IVG américain

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Israël, à rebours de l’anti-IVG américain

L’Etat hébreu facilite l’accès à l’avortement en réaction au recul historique de la Cour suprême des Etats-Unis. Des formalités jusqu’ici obligatoires, comme la consultation d’un travailleur social, deviennent facultatives.

La révocation de l’arrêt « Roe v. Wade » par la Cour suprême américaine, qui a ouvert la voie à l’interdiction de l’avortement au gré de la volonté des différents Etats, n’en finit pas de sidérer le monde entier. Tandis que certains pays – à l’image de la France – envisagent de sanctuariser ce droit dans leur Constitution, Israël vient d’accélérer son processus de réformes pour faciliter l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Le gouvernement a ainsi annulé un certain nombre de formalités obligatoires. « Le droit d’agir sur son corps appartient à la femme seule. La décision de la Cour suprême des Etats-Unis […] est une décision obscurantiste, qui opprime et ramène le leader du monde libre et libéral cent ans en arrière. Les choses ont changé et aujourd’hui nous faisons de grands pas dans la bonne direction », a déclaré le ministre de la Santé, Nitzan Horowitz.

Approuvées par la commission du travail, de la protection sociale et de la santé de la Knesset, ainsi que par les députés, les nouvelles réglementations vont radicalement changer la donne. Ainsi, les femmes pourront subir l’IVG dans un dispensaire ou une clinique sans être obligées de se rendre dans un hôpital et la rencontre avec un travailleur social, jusqu’ici obligatoire, deviendra facultative et s’effectuera uniquement en soutien de la démarche des patients.

La fin d’un processus humiliant

Autre changement significatif, les femmes n’auront plus besoin de se présenter devant les fameuses « commissions d’avortement » censées approuver ou refuser la démarche au terme d’interrogatoires particulièrement intrusifs. « Nous avons aboli les procédures archaïques qui visaient à éviter les avortements inutiles, supprimé les questions dégradantes, autorisé certains avortements dans les dispensaires, supprimé l’obligation de se présenter devant un comité et, surtout, renforcé le droit le plus fondamental de la femme à agir sur son corps et sur sa vie », insiste encore Nitzan Horowitz.

Le passage devant les « commissions d’avortement », dont les règles actuelles ont été mises en place en 1988 pour empêcher les « avortements inutiles », était vécu comme un processus particulièrement humiliant et d’autant plus inutile que de nombreuses femmes n’avaient d’autre choix que de mentir afin d’obtenir le feu vert des autorités. Ces commissions, composées d’un travailleur social et de deux médecins, sont maintenues, mais elles examineront les demandes par voie numérique et ne tiendront des audiences que dans les très rares cas où la procédure initiale serait refusée.

La décision israélienne de replacer le travail social dans une posture d’écoute et de soutien plutôt que de contrôle et de jugement intervient à rebours de sa criminalisation à l’œuvre outre-Atlantique. Pour mémoire, avant même la décision de la Cour suprême, plusieurs juridictions locales – à l’instar de la municipalité de Lebanon dans l’Ohio – avaient déjà entamé des procédures pour interdire aux travailleurs sociaux le simple fait de discuter de l’avortement avec les intéressées. Et l’ACLU, principale association de défense des droits civiques, bataille aux côtés de la National Association of Social Workers (NASW) et de l’ONG Women Have Options pour empêcher cette suppression des activités médicales ou sociales en lien avec l’IVG(1).

Aux Etats-Unis, le code de déontologie de la NASW identifie pourtant la « justice sociale » comme une valeur fondamentale de la pratique et exige que les travailleurs sociaux la défendent « en particulier au nom d’individus et de groupes de personnes vulnérables et opprimés ». Un code qui entre en contradiction avec ces lois permettant des poursuites judiciaires : selon la NASW, l’avortement demeure un aspect fondamental de la planification familiale et sociale, et oblige donc légalement les professionnels à aborder la question de l’avortement lors de leurs consultations.

Notes

(1) Voir ASH n° 3260 du 20-05-22, p. 34.

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