L’issue des élections législatives était incertaine à tellement de titres – entre particularités territoriales, alliances nationales et abstention – que personne n’a vu arriver le coup. Enfin un peu, quand même, puisque les travaux devraient commencer cette nuit, du 22 au 23 juin, après que les ouvriers auront écouté Emmanuel Macron causer dans le poste. Voilà l’histoire : le nouveau député de la Dordogne a pu accéder au Palais Bourbon, mais pas à l’hémicycle.
Et c’est bien fait. Quelle idée de candidater à une si haute instance quand on roule en fauteuil. Que les trottoirs – pas tous non plus – soient aménagés, passe encore. Voire l’accès aux bâtiments administratifs, aux équipements de tourisme (depuis peu, les personnes handicapées s’offrent le luxe de prendre des vacances, et même de faire du sport, nom de nom !). Mais l’Assemblée nationale, vous n’y pensez pas ? Eh bien si. L’auguste demi-lune s’apprête à vivre un moment historique. Ce noble amphithéâtre qui entendit résonner tant de discours va vivre une révolution plus révoltante encore que la loi sur le mariage gay, mais sans Christiane Taubira.
Cependant, Sébastien Peytavie ne souhaite pas être diminué dans ses fonctions en étant présenté comme le premier député à importer son propre fauteuil. Espérons donc qu’il nous pardonnera cet édito. Mais il a bien affirmé à nos confrères de France Inter qu’il resterait attentif aux évolutions – presque – promises en campagne présidentielle de l’allocation aux adultes handicapés (AAH), qu’il considère comme « un scandale » dans sa version actuelle. Et c’est rassurant. Une personne attentive, c’est déjà ça.
De la même façon, Rachel Kéké, sévissant pour sa part dans le Val-de-Marne, sera la première élue à la députation qui aura défendu, en grève presque deux ans durant, la cause des femmes de ménage contre la direction des hôtels Ibis. Ce n’est pas pour autant qu’elle vérifiera les plis de serviettes du restaurant de l’Assemblée, mais il se peut qu’elle ait une attention particulière pour le droit social.
Il ne reste donc qu’à organiser des formations à l’apprivoisement du système électoral pour quelques personnes qui pourraient bénéficier d’une once d’attention. Il nous faudrait, a minima : une personne qui aurait vécu la demande d’asile, une autre ex-victime de violences conjugales, avec enfants si possible, une qui connaîtrait la vie à la rue, une autre qui serait sourde, muette et en chômage de longue durée. Nous avons des pistes ! Ce n’est qu’un combat, continuons le début.