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Les vigies de l’info

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Á Calais, en 2021, 1 226 exilés ont été expulsés de leurs campements. Un chiffre qui donne le tournis, issu de l’observation quasi quotidienne de l’association Human Rights Observers dont le rapport annuel vient de sortir. Depuis 2018, l’Etat a mis en place à la frontière une politique de « lutte contre les points de fixation » afin d’éviter les camps d’ampleur, à l’image de la « grande jungle » où vivaient au plus fort, fin 2016, près de dix mille personnes. Cette volonté se traduit par des expulsions toutes les 36 heures en moyenne moyenne tandis que les bénévoles suivent le même mode opératoire pour tenter de repérer les saisies et les éventuelles violences. Au petit matin, un peu avant huit heures, les équipes se placent devant le commissariat de police de Calais ou la caserne de gendarmerie où se forme un convoi d’une dizaine de fourgonnettes, de deux camions de la société de nettoyage APC, d’une voiture de la police nationale, parfois accompagnés du véhicule des traducteurs mandatés par la préfecture du Pas-de-Calais.

Pendant près de cinq heures, méthodiquement, les forces de l’ordre passent sur les campements dans le cadre d’enquêtes en flagrance pour occupation illicite de terrain. En théorie, ils demandent aux personnes de quitter les lieux. En pratique, les exilés n’ont pas vraiment le choix. « Nous suivons les forces de l’ordre durant ces expulsions pour pouvoir documenter ce qui se passe et chiffrer les matériels confisqués », explique Léa, coordinatrice juridique de l’association. En 2021, 2 833 couvertures et sacs de couchage ont été saisis et près de 6 000 tentes et bâches.

La force de frappe de Human Rights Observers repose en partie sur les réseaux sociaux. « Lors de presque toutes les expulsions, nous communiquons pour rappeler qu’elles ne s’arrêtent jamais », détaille Pablo, le coordinateur « communication et plaidoyer ». Les vidéos des expulsions, difficilement enregistrées, sont également diffusées. Car sur le terrain, les observateurs sont souvent empêchés d’approcher. Le rapport fait état de 362 tentatives d’intimidation par les forces de l’ordre. « Lorsque Gérald Darmanin a été interpellé par une députée sur les amendes que nous avions reçues lors du confinement, il nous avait décrit comme des”censeurs des opérations de police”, ce qui est fou », ajoute le jeune homme de 23 ans.

Sans ces observateurs, peu d’informations filtreraient sur le déroulement et la régularité de ces expulsions. Pablo sourit : « Ce travail est utile, car il touche les gens, mais comme tout le monde ici, on doute qu’il puisse infléchir un jour les politiques migratoires de la France… »

Une saison en migrations

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