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Familles nombreuses et dangereuses ?

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Depuis soixante-dix ans, le troisième dimanche de juin est celui de la fête des pères : son officialisation en 1952 prolonge la valorisation de la famille consacrée par la loi instaurant la fête des mères en 1950. C’est dans le contexte de l’entre-deux-guerres que commencent à être célébrées les mères de familles nombreuses. Il s’agit d’abord de récompenser les mères « méritantes » d’au moins cinq enfants, en leur décernant la médaille de la famille française. Un siècle plus tard, le regard porté sur les familles nombreuses a évolué : objet d’étonnement, parfois de réprobation, elles sont devenues un phénomène social relativement rare.

Les familles nombreuses deviennent un enjeu démographique et politique à la fin du XIXe siècle, alors qu’apparaît en France la crainte du déclin démographique. Dans ce contexte, des associations voient le jour afin de promouvoir la natalité, à l’instar de l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française. D’autres se consacrent plus spécialement à la promotion du modèle de la famille nombreuse, comme la Ligue populaire des pères et mères de familles nombreuses ou encore « La plus grande famille », regroupant à la fois des républicains natalistes et des catholiques défenseurs de l’ordre moral.

Ces acteurs entendent peser dans le débat sur l’encouragement de la fécondité en proposant des mesures concrètes (incitation fiscale, dispositifs d’assistance…). Ces initiatives conduisent en 1913 au vote de la loi d’assistance aux familles nombreuses nécessiteuses, considérée comme la première grande loi familiale puisqu’elle octroie une subvention aux parents de plus de trois enfants de moins de 13 ans. En 1920, le Conseil supérieur de la natalité, nouvellement créé, se penche dès sa première réunion sur les conditions d’existence de ces familles : dans un contexte de forte inflation, elles reçoivent des « bons de pain » à prix réduits. La création des allocations familiales, en 1932, participe de cette politique résolument familialiste.

Pourtant, il serait trompeur d’en rester à cette vision généreuse de l’histoire. La dénonciation des familles nombreuses, vues comme des « plaies sociales », est portée par les malthusiens et par certains féministes. Le père de famille nombreuse, désigné comme « père lapin », apparaît comme un parasite à la sexualité débridée, imprévoyant et souvent alcoolique. Ces familles vues comme incapables de recourir à la contraception sont aussi dans le viseur des eugénistes, qui agitent le spectre de la dégénérescence. Critique encore largement répandue : les couples ne maîtrisant pas leur fécondité seraient des profiteurs ne comptant que sur les aides sociales pour vivre.

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