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Droit à l’IVG : aux États-Unis, la résistance s’organise

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Droit à l’IVG : aux États-Unis, la résistance s’organise

Crédit photo Étienne Cassagne
Alors qu’une décision historique de la Cour suprême américaine attendue cet été pourrait remettre en cause le droit à l’avortement, l’Association nationale des travailleurs sociaux conteste en justice l’interdiction de l’avortement, notamment dans l’Ohio.

C’est une bataille homérique qui se joue actuellement aux États-Unis, à l’heure où la Cour suprême menace d’autoriser chaque Etat à décider lui-même de sa politique en matière d’interruption volontaire de grossesse (IVG). L’enjeu est colossal. D’ici au 30 juin, la plus haute instance juridique du pays pourrait en effet revenir sur le droit à l’avortement, pourtant garanti par une jurisprudence datant de 1973. Et si les manifestations de protestation face à ce recul historique se multiplient dans tout le pays, la guérilla entre « pro » et « anti »-IVG a déjà envahi les prétoires. La mobilisation fait particulièrement rage dans l’Ohio, où plusieurs groupes défendant les travailleurs sociaux et les droits des femmes contestent les initiatives locales qui ambitionnent de devancer la possible décision de la Cour suprême. Ainsi, l’American Civil Liberties Union (Aclu), principale association de défense des droits civiques aux Etats-Unis, a engagé une procédure judiciaire contre la municipalité de Lebanon (Tennessee), au nom de l’Association nationale des travailleurs sociaux et de l’ONG « Woman Have Options », afin que les restrictions adoptées en mai dernier soient déclarées illégales. Celles-ci criminalisent pratiquement toutes les activités médicales ou sociales en lien avec l’IVG, sans même fournir de justification préalable de ce qui est autorisé ou non.

Les travailleurs sociaux exposés à des poursuites judiciaires

« La question est de savoir si une municipalité peut promulguer une ordonnance aussi vague et radicale », expliquent les avocats de l’Aclu. De leur côté, les organisations religieuses évangélistes, soutiens politiques et financiers de l’aile droite du Parti républicain, assument crânement leur stratégie nationale de conquête dite « une ville à la fois », à l’image des nombreuses « Sanctuary Cities of the Unborn ». Selon cette association, 49 villes à travers les Etats-Unis ont d’ores et déjà adopté des interdictions similaires de l’interruption volontaire de grossesse. Et une autre organisation, « Right to Life East Texas » – « Droit à la vie dans l’est du Texas ») – veut croire à l’imminence d’une décision de justice positive.

Selon son directeur, Mark Lee Dickson, cité par l’agence Associated Press, « nous connaîtrons la victoire à Lebanon » puisque l’Aclu a déjà perdu un procès similaire au Texas, se prenant à rêver d’une nouvelle jurisprudence encouragée par les arbitrages en cours de la Cour suprême. Pour les travailleurs sociaux qui œuvrent aux côtés des femmes ayant décidé d’avorter ou qui seraient même susceptibles de les côtoyer dans le cadre de leur activité professionnelle, il s’agirait d’un séisme. Pour cause : le simple fait de discuter de la question de l’IVG avec des femmes enceintes les exposerait à des poursuites judiciaires. Par le flou de la législation adoptée à Lebanon, le respect de la loi menaçant ceux qui « aident ou encouragent » un avortement « entrerait en conflit avec l’obligation éthique des travailleurs sociaux de promouvoir l’autodétermination du “client” », soutiennent encore les plaignants.

Pour mémoire, le célèbre arrêt « Roe v. Wade », rendu en 1973 par la Cour suprême, avait clairement énoncé que le droit à l’avortement découlait du droit à la vie privée, garanti par le 14e amendement de la Constitution américaine. Une décision renforcée par une nouvelle jurisprudence datant de 1992, et qui garantissait la possibilité d’une IVG jusqu’à environ 24 semaines de grossesse, soit l’âge de « viabilité » du fœtus. Quant à l’offensive patiente et opiniâtre des organisations religieuses, évangélistes en tête, celle-ci date de la fin des années 1970, fruit de leur décision d’investir le champ politique en soutenant la candidature du républicain Ronald Reagan et son programme résolument conservateur.

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