Esquisser sa vie

« “Travailler l’histoire de l’enfant” est devenu une formule incantatoire en protection de l’enfance », rappelle Denise Bass, présidente d’Atelier 2AF, un groupe de recherche sur l’avenir de l’accueil familial. Mais au-delà de « l’exigence de transparence », des outils (album photo, projet personnalisé pour l’enfant, accès à ses origines, etc.), de ce que lui racontent les adultes, comment aider l’enfant placé à construire sa propre histoire ? C’est à cette interrogation que tentent de répondre les auteurs de ce livre. Martine Duboc, psychologue et conseillère technique à l’Ase pendant seize ans, a reçu environ 900 personnes de tous âges, majoritairement des femmes, désireuses de consulter leur dossier administratif parce qu’elles n’ont aucun souvenir de leur enfance, qu’elles ignorent qui est leur mère et/ou leur père, parce que faute d’informations, elles s’imaginent le pire…

Les témoignages varient mais tous cachent la même quête de vérité. Le besoin de savoir et de comprendre. « Mais que retrouve-t-on derrière ces silences, ces non-dits ou ces mensonges ? Tout ce qui ne convient pas à l’image sociale d’une société et ne peut être géré par la famille, parce que cela génère de la honte ou une souffrance trop écrasante, comme la mort d’un enfant, les suicides et les décès suspects, les condamnations ou l’emprisonnement, la ruine, certaines maladies […] », relève la professionnelle. Derrière la recherche de renseignements, une question : ai-je été aimé ? « Tout au long de leur vie, certains auront tendance à raccrocher toutes les difficultés et leurs échecs aux énigmes ou aux obscurités de leur passé, sans réussir à investir totalement le présent ni à se projeter dans l’avenir », souligne Martine Duboc. Une chose est sûre : la consultation de son dossier exige un accompagnement car son contenu est parfois éprouvant. Si ce document constitue la première étape pour se réapproprier son histoire, d’autres approches comme l’écriture de textes en groupe sont présentées. Une source d’inspiration pour les professionnels.