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Au Royaume-Uni, des travailleurs sociaux toujours plus épuisés

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Au Royaume-Uni, des travailleurs sociaux toujours plus épuisés

Crédit photo Étienne Cassagne
Comme la France, le Royaume-Uni est confronté à un déficit d’intervenants sociaux. Mais plus encore que la dégradation de la qualité de vie au travail, c’est l’explosion de la souffrance dans la population générale qui pèse sur le moral du secteur.

La détérioration des conditions de travail des travailleurs sociaux s’est poursuivie après le confinement, selon la quatrième phase (novembre 2021 – février 2022) d’une étude réalisée dans l’ensemble du Royaume-Uni (Angleterre, Ecosse, pays de Galles, Irlande du Nord). La profession a « particulièrement souffert », insistent les auteurs du rapport, issus de la Queen’s University de Belfast, de l’université d’Ulster ou du King’s College de Londres, et financé par plusieurs organismes publics. Plus encore que les infirmières ou les professionnels du secteur paramédical, les travailleurs sociaux ont été touchés par une forte augmentation de l’épuisement au travail, lié aux graves pénuries de personnel intervenues pendant hiver ou à l’effondrement des interactions professionnelles. « Le travail social est intrinsèquement lié à la résolution des problèmes, ce qui devient impossible lorsqu’on ne dispose pas d’équipes au complet ou que l’on travaille avec des collègues avec qui il est difficile d’échanger en face à face. L’incertitude a fait des ravages sur nous tous. Le moral est difficile à maintenir », témoigne un professionnel anglais.

Une enveloppe de 600 millions

La baisse des effectifs, aggravée par les arrêts maladies des travailleurs sociaux atteints de burn-out ou de la Covid, sans oublier des conditions salariales jugées insuffisantes, ont considérablement impacté les campagnes de recrutement, expliquent les auteurs du rapport, qui plaident pour « une plus grande reconnaissance professionnelle », afin « d’aider les travailleurs déjà épuisés à bénéficier d’un plus grand soutien de leurs pairs et de leur direction ».

« Avec l’augmentation de la charge de travail, et l’évolution des pratiques professionnelles (en période de pandémie, ndlr), les gestionnaires et les professionnels des ressources humaines ont été confrontés au poids des frustrations et des réactions négatives du personnel, ainsi qu’à un manque de reconnaissance et de compréhension de leurs besoins », souligne encore l’étude, dont la publication, le 9 mai dernier, intervient un mois à peine après les annonces du gouvernement de Boris Johnson. Le Premier ministre prévoit d’allouer une enveloppe de près de 600 millions d’euros afin de « développer la main-d’œuvre dans les services sociaux », « former et retenir les talents mais aussi attirer de nouveaux employés ». Une réforme financée grâce à une hausse inédite de l’assurance maladie (+ 1,25 %), censée renflouer l’hôpital public et développer le secteur de la dépendance, avec un budget global de 14 milliards d’euros annuels.

En attendant les résultats concrets de cette évolution, il reste à étendre l’amélioration des conditions de travail au secteur privé, comme le souligne John McGowan, secrétaire général du syndicat Social Workers Union : « Les employeurs doivent comprendre que pour améliorer le moral de leurs équipes, chaque membre du personnel doit se sentir valorisé […]. Les mesures de protection sont cependant plus difficiles à mettre en œuvre dans un contexte de compressions budgétaires et d’un nombre croissant d’enfants, de familles, d’adultes et de communautés ayant besoin d’aide et de soutien. »

C’est d’ailleurs un épuisement professionnel davantage lié à l’explosion des « patients » et de leurs souffrances, qu’à la détérioration des conditions de vie au travail, que pointent les auteurs de l’étude. Pour mémoire, un sondage publié en juin 2021 par le Social Workers’ Benevolent Trust et réalisé auprès de 211 travailleurs sociaux, avait révélé que 70 % des personnes interrogées s’étaient inquiétées de leur santé mentale au cours de la pandémie, 20 % avaient été arrêtées en raison du stress, et 24 % avaient sollicité de l’aide pour améliorer leur santé mentale.

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