Près de 85 % de femmes inscrites dans les formations aux métiers du travail social. Le chiffre est impressionnant, et s’élève encore bien au-delà lorsqu’il s’agit du métier d’éducatrice de jeunes enfants, où les promotions avoisinent les 95 %. Ainsi la femme serait mieux à même de prendre soin, de porter attention, de protéger aussi. Telle la louve capitoline, dont les mamelles nourrissent Romulus et Remus tout en formant un toit au-dessus de leurs petits corps, tandis que ses dents saillantes laissent entendre le rugissement promis à quiconque menacerait ses protégés. Dans cette histoire antique, ce sont ensuite deux hommes qui ont bâti la ville de Rome.
De la même façon, à l’heure du grand âge, ce sont très fréquemment les femmes qui prennent soin de leurs parents, voire ensuite de leurs compagnons. Car si ce n’était pas suffisant, leur espérance de vie reste plus grande que celle des hommes. De même, dans les structures sociales et médico-sociales, ce sont encore les femmes qui se trouvent en première ligne. Aides-soignantes, assistantes de services sociaux… L’histoire se reproduit, les stéréotypes de genre se multiplient, et ainsi dans toutes les strates de la société, qu’il s’agisse de l’environnement professionnel lorsque l’on scrute le genre des services de direction, ou qu’il soit question du microcosme politique.
Au siècle dernier, comme disent aujourd’hui les collégiens, le premier gouvernement Juppé avait atteint près de 28 % de femmes, en 1995. Pour faire moderne, « genre » moderne. Mais l’ouverture d’esprit a duré six mois et la plupart des « Jupettes » ont été évincées à la faveur d’un remaniement. Sous Sarkozy, en 2007, leur présence a été réduite à portion congrue.
Avant que, sous Hollande cette fois, la parité s’installe et perdure, un peu.
Evoquer la parité pose problème, comme lorsqu’il s’agit de quotas, et le terme équité s’en éloigne, plus favorablement. Evoquer le genre reste un terme sémantique que peuvent partager de nombreux publics. Comme le genre de réfugiés plus ou moins bien accueillis, par exemple, ou comme le genre de salariés du social qui ne bénéficient pas du même traitement au regard des décrets d’application du Ségur. Il y a eu les oubliés du Ségur, qui ont obtenu quelques maigres largesses, il reste les oubliés des oubliés… Parmi lesquels les maîtresses de maisons, qui sont rarement des hommes, ou encore les lingères. Et si la question était plus sérieusement réfléchie ? Et si, même sans réfléchir, les textes de loi existants, comme ceux qui établissent l’égalité salariale, étaient tout simplement appliqués ? Et si, et si… « Si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle. » La personne mal élevée qui répétait souvent cette maxime était née en 1936 ! Faisons front, donc !