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L’impôt sur le revenu apparaît comme un outil moderne de prélèvement des taxes, visant à plus d’égalité et de justice sociale. En retracer la genèse permet de revisiter une part essentielle de l’histoire de la relation entre les citoyens et l’Etat. Observant la disparition des révoltes antifiscales au milieu du XIXe siècle, les historiens ont pu montrer que l’amélioration de l’acceptation de l’impôt révélait un sentiment d’appartenance plus fort à la nation.

Tout au long du XIXe siècle, cependant, le poids des impôts indirects s’accroît et frappe davantage les plus modestes : ainsi, dans les années 1880, l’impôt sur les boissons fournit le cinquième des recettes fiscales. Déjà en 1848, les républicains au pouvoir réfléchissaient à la mise en place d’un impôt sur le revenu. Son instauration en 1914 constitue donc l’aboutissement de plusieurs décennies de débats, dans un contexte marqué par une extension importante des sphères d’intervention de l’État (transports, éducation, colonisation…).

Présenté en 1907 par Joseph Caillaux, ministre des Finances du gouvernement Clemenceau, et soutenu par les radicaux et socialistes, le projet d’introduction de cet impôt vise à remplacer les « quatre vieilles », qui se fondaient sur des signes extérieurs de richesse (taille des champs, nombre de fenêtres…) pour leur substituer une déclaration précise de la richesse des foyers. En réalité, l’impôt sur le revenu apparaît aussi comme une solution à l’irrégularité des rentrées fiscales, à l’origine de problèmes de trésorerie pour l’administration. C’est dans un contexte de guerre, en 1916, que les Français déclarent pour la première fois leurs revenus. La mobilisation fiscale de la population de l’arrière est justifiée par le sacrifice consenti par les poilus au front.

Mais après la guerre, dans les années 1920 et 1930, l’impôt ne concerne pas plus de 15 % des foyers fiscaux. Il faut attendre les Trente Glorieuses pour qu’il touche une part de plus en plus large de la population – 65 % des foyers sont imposables en 1979 – et intègre davantage de membres des classes populaires. Dans le même temps, l’essor de l’Etat social permet aux ménages modestes d’obtenir des aides (allocations familiales, allocations logement…) contre présentation de certificats relatifs à leur niveau d’imposition. Plusieurs innovations importantes marquent également cette période : le système du quotient familial adopté en 1945, l’envoi d’une feuille de déclaration de revenus au domicile du contribuable en 1972, l’expérimentation de la déclaration préremplie en 2005.

Plus récemment, l’ouverture d’un portail Internet permettant la création d’un compte fiscal en ligne ou la mise en place du prélèvement à la source en 2019, font évoluer le rapport des citoyens à l’impôt. En déployant de nouveaux moyens techniques, l’administration fiscale se donne les moyens de pénétrer l’intime de nos vies, faute de toujours parvenir à simplifier les pratiques des usagers.

Dans le rétro

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