C’est un nouveau programme, officiellement lancé le 21 avril, que vient de mettre en place la société de logiciels VMware Aurora, avec des partenaires tels que SG Enable, l’agence centrale pour le handicap de Singapour, l’établissement d’enseignement supérieur Temasek Polytechnic, ou l’Association singapourienne des handicapés visuels (SAVH). Une initiative censée aider 1 000 personnes handicapées au cours des trois prochaines années, à travers des cours gratuits dans des domaines tels que la sécurité numérique ou les compétences de vente. Le cursus, initialement prévu sur un an, peut être rallongé afin que les participants puissent prendre le temps dont ils ont besoin pour l’achever, a précisé la société VMware à l’occasion de la conférence de lancement du programme.
« Il est difficile de trouver des portails d’apprentissage appropriés pour les personnes ayant une déficience visuelle, en particulier celles qui ont une perte de vision profonde, voire totale, car de nombreux sites web et applications ne sont pas compatibles avec la technologie d’assistance au lecteur d’écran que les personnes en situation de handicap utilisent pour accéder à l’information », souligne Chong Kwek Bin, responsable de l’emploi et de la formation à l’Association singapourienne des handicapés visuels, dans les colonnes du quotidien singapourien The Straits Times.
« Il s’agit de repenser le travail, pas de redessiner l’être humain [atteint de handicap, ndlr] », ajoute Immanuel Goh, chef de programme à l’Agence gouvernementale de la technologie de Singapour. « C’est un changement fondamental dans la compréhension de ce qu’est le handicap. L’accessibilité est une opportunité d’innovation, pas un problème à résoudre », veut-il croire.
Reste à convaincre les employeurs, même si, selon les chiffres du ministère du Développement social et familial (MSF), près de 10 000 personnes handicapées étaient insérées dans les secteurs public et privé en 2018, soit une augmentation de plus de 10 % par rapport à 2015. Une progression exponentielle, puisque le gouvernement singapourien a également mis en place une initiative intitulée « Adapt and grow » (« s’adapter et croître ») pour prendre en charge jusqu’à 90 % du financement des coûts afin d’aménager des postes aux personnes atteintes de handicap, qui aurait permis à plus de 2 000 personnes de travailler dans quelque 750 entreprises entre janvier 2016 et mars 2019. Le volontarisme « inclusif » de l’archipel s’appuie cependant sur une gestion très dirigiste et autoritaire d’une économie prospère, basée sur un puissant tissu industriel, notamment le raffinage des hydrocarbures, les services à la personne et surtout la finance, Singapour étant réputée pour être un des principaux paradis fiscaux du continent asiatique.
Autres faces sombres du « miracle » singapourien, l’absence de revenu minimum légal, qui permet aux employeurs de profiter à plein des programmes gouvernementaux tout en versant sans risque des salaires dérisoires aux personnes atteintes de handicap, sans oublier l’application de la peine de mort pour plusieurs crimes, dont le trafic de drogue et le meurtre. Ainsi, le 27 avril, un Malaisien déficient mental, accusé de trafic de drogue, a été exécuté par pendaison, en dépit des protestations internationales, qu’il s’agisse des appels à la clémence émanant du milliardaire britannique Richard Branson ou de l’Union européenne.