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La jeunesse, potentiel ou danger

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Si les jeunes se sont moins déplacés que leurs aînés pour aller voter au second tour de l’élection présidentielle, ils constituent néanmoins un enjeu hautement symbolique dans les discours politiques. Dans le débat public, « les jeunes » sont aussi perçus comme une catégorie sociale à la fois vulnérable et dangereuse. Cependant, la construction de la jeunesse comme un groupe « à risque » est un phénomène lent et progressif au cours du XXe siècle. Alors que le régime de Vichy a tenu à l’encadrer afin de lui transmettre ses valeurs, les gouvernements républicains de l’après-guerre n’ont pas accordé aux nouvelles générations une attention spécifique avant la fin des années 1950. Jusqu’aux années 1970, les politiques publiques en direction des jeunes ont été mises en œuvre avec une intensité très variable.

C’est en réalité l’évolution des nouveaux quartiers de grands ensembles qui fait apparaître la jeunesse comme un problème public. Lancés dans l’après-guerre, pour répondre aux besoins liés tant à la reconstruction qu’à la croissance démographique, leur développement permet l’émergence d’une réflexion sur la place des enfants et des jeunes dans l’espace urbain, alors que les promoteurs du logement social alertent depuis la fin du XIXe siècle sur les dangers de la promiscuité dans ce type d’habitat. Eugène Claudius-Petit, issu du monde de l’éducation populaire, s’inspire des idées du célèbre architecte Le Corbusier dès son arrivée à la tête du ministère de la Reconstruction en 1948 : afin d’accompagner et d’occuper les jeunes, des équipements collectifs voient le jour, comme la « maison des jeunes », appelée aussi « centre social » si elle appartient à la Fédération nationale des centres sociaux. Deux circulaires de 1960 et 1961 encouragent la mise en place de ces structures, visant à accueillir autant les permanences des services sociaux que des activités. Les « Mille clubs de jeunes », lancés après 1968, maillent progressivement le territoire en s’installant dans des préfabriqués. Mais ces initiatives ont souvent un caractère ponctuel et ne reçoivent que peu de moyens pour fonctionner.

Au cours des années 1970, l’image du « jeune de banlieue » commence à devenir un cliché : une dizaine d’années après l’apparition des « blousons noirs », le meurtre d’un jeune homme dans un bar de La Courneuve, en 1971, alimente le débat sur le malaise des grands ensembles. C’est après l’arrivée de François Mitterrand, en 1981, que la politique de la ville permet la création de zones d’éducation prioritaire et de missions locales pour l’emploi. Le pacte de relance pour la ville, lancé par Alain Juppé en 1996, fait enfin du poids démographique des jeunes un critère décisif pour établir l’« indice synthétique d’exclusion », visant au classement des quartiers. Le cliché du « jeune de banlieue » n’a pas disparu, mais il demeure résolument essentiel de reconsidérer les jeunes générations et de leur donner les moyens de croire en l’avenir.

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