A Calais, plusieurs bénévoles ont fondé, il y a quelques années, la Calais Border Broadcast (CBB), une radio qui émet des flashs info et propose des moments de libre antenne, animés par et pour les personnes exilées en transit sur le littoral de la Manche.
Lancée sur WhatsApp, la Calais Border Broadcast, qui réunissait une trentaine d’abonnés à son lancement, en est désormais à plus de 230 participants, qui reçoivent directement sur leurs téléphones les enregistrements au format numérique. Enregistré en anglais, en français, en arabe et en tigrinya (la langue parlée en Erythrée), le flash info hebdomadaire est l’un des rendez-vous d’information sur la situation à Calais. Il permet par exemple de donner les horaires et les lieux de distribution de nourriture qui peuvent changer rapidement. « La distribution a lieu chaque jour à 16 h 30 sur le pont, à droite du Secours catholique », est-il annoncé cette semaine. Mais c’est aussi l’occasion d’aborder l’actualité locale, marquée notamment par la condamnation du préfet du Pas-de-Calais pour une expulsion jugée illégale par la justice. « C’est une petite victoire juridique et les associations continuent à se mobiliser avec les avocats », peut-on entendre.
Ce lundi, à l’accueil de jour du Secours catholique, qui ouvre au quotidien ses portes à près de 600 personnes, Zouzou, la salariée qui porte aujourd’hui la Calais Border Broadcast, a sorti le studio radio avec son équipe. Conçu et offert par des étudiants d’une école d’ingénieurs, ce studio est simple d’utilisation, avec chaque micro coloré relié à un bouton de la même couleur. C’est l’outil qui permet d’improviser des émissions en live.
Alors que le soleil, haut dans le ciel, illumine la grande cour des locaux de l’association, l’« open mic », comme on l’appelle, démarre. En quelques minutes, Bassem se saisit du micro pour diffuser un message de paix, après une bagarre qui a eu lieu quelques jours auparavant. Il remercie tous les bénévoles et associatifs qui œuvrent au quotidien pour rendre la vie moins difficile aux personnes qui survivent sur les campements de fortune du Calaisis.
Zouzou est enjouée, le studio est bien vite entouré de personnes qui veulent participer à l’émission. On parle de Calais, du beau temps, du ramadan qui a commencé, du difficile passage par la Libye…
Mais dans la cour, alors qu’une partie de foot débute, on dévie rapidement sur le match : les passes, les dribbles, les buts… De la musique aussi, que chacun veut mettre pour parler de son pays. « Le projet avait deux objectifs qu’on atteint à chaque fois, se félicite Zouzou. Informer les exilés d’une part, faire entendre leur voix d’autre part. Ce que cet “open mic” permet dès qu’on installe le studio radio. »