Pour un travail social soucieux d’agir « avec les publics ». Dans leur ouvrage, Anne Salmon et Louis Laville exposent la critique de la hiérarchie des savoirs telle qu’elle est aujourd’hui instaurée. Dans cette réflexion épistémologique, ils s’évertuent à déconstruire les schèmes de pensées opératoires à l’œuvre dans les sciences classiques afin d’affirmer la validité des savoirs expérientiels propres aux travailleurs sociaux. Le titre, Pour un travail social indiscipliné, serait presque aguicheur. Par l’usage du terme « indiscipliné » les auteurs invitent les travailleurs sociaux à questionner des dogmes largement acceptés par la communauté scientifique et le monde du travail social. Il faut mettre fin au « diktat de la théorie » afin de pouvoir envisager un travail social réellement participatif. Une action sociale qui agit « avec » et non plus « sur » les publics.
Pour ce faire, Anne Salmon et Jean-Louis Laville – respectivement philosophe et sociologue de formation – nous invitent à un voyage initiatique dans l’histoire des sciences. Du philosophe Platon au mathématicien Descartes, en passant par le physicien Heisenberg, le livre explore les mécanismes par lesquels s’est construite « la légitimité d’un savoir scientifique dissocié de la pratique et de l’expérience commune ».
Loin d’être un guide des bonnes pratiques en travail social, l’ouvrage vise à armer les professionnels d’un savoir critique propice à l’élaboration. Et se veut optimiste : il y a de l’espoir pour l’action sociale. Encore faut-il qu’elle se détache de la commande institutionnelle et se recentre sur les besoins des personnes accompagnées. Pour ce faire, les deux universitaires proposent d’ériger des ponts entre le travail social et les initiatives citoyennes, en s’inspirant notamment de l’économie sociale et solidaire pour imaginer de nouveaux liens dans les territoires.
« Pour un travail social indiscipliné. Participation des citoyens et révolution des savoirs » – Jean-Louis Laville et Anne Salmon – Ed. érès, 14,50 €.