Moi, Présidente, je repenserais le mode de financement de l’action publique. Avec la décentralisation, les départements sont en charge des questions de la jeunesse et de la protection de l’enfance. Il existe cependant de fortes inégalités territoriales. Un enfant doit, selon la Convention internationale des droits de l’enfant, être protégé et sécurisé quel que soit l’endroit où il vit. S’il habite dans le 93 ou le 44, il n’a ni les mêmes aides ni les mêmes chances d’aller au bout de son parcours. Au cœur de l’accompagnement, la reconnaissance des travailleurs sociaux par des salaires dignes et un taux d’encadrement suffisant constituent une priorité. Une partie des accueils d’urgence relève des associations, l’autre des départements. Or c’est au sein des structures départementales qu’il y a le plus de personnel en contrat à durée déterminée et non diplômés. La formation des professionnels est aussi à reconsidérer, ils sont peu armés actuellement pour accueillir les maltraitances et les traumas subis par les enfants. Les travailleurs sociaux doivent être capables de recevoir leur parole pour la porter jusqu’au niveau judiciaire.
L’accompagnement doit être envisagé comme une continuité jusqu’à l’autonomie du jeune. Il n’est pas utile de fixer un chiffre : 18 ou 21 ans. L’important est de créer un lien avec le jeune afin que, lorsqu’il sort de l’ASE (aide sociale à l’enfance), il sache solliciter les professionnels en cas de besoin. Comme n’importe quel enfant qui quitte le foyer au moment de ses études sait qu’il peut appeler ses parents s’il rencontre un problème.
Les services de l’Etat doivent enfin réellement travailler ensemble. Dernièrement, par exemple, la caisse d’allocations familiales a décidé, pour des raisons de sécurité, de changer le mode d’accès à ses services. Désormais, la connexion se fait avec le numéro de sécurité sociale (et non plus le numéro d’allocataire), qui commence par 1 ou 2. Mais les étrangers réfugiés et les mineurs non accompagnés disposent d’un numéro provisoire commençant par 7 ou 8. Pendant plusieurs mois, beaucoup de jeunes n’ont ainsi pas pu accéder à leur espace et faire valoir leurs droits. L’accès aux droits doit être pensé dans sa globalité.