L’annonce a été faite le 5 avril dernier par un communiqué officiel du ministère de la Santé et des Affaires sociales : près de 600 millions d’euros vont être alloués pour « développer la main-d’œuvre dans les services sociaux » afin de « former et retenir les talents ainsi que pour attirer de nouveaux employés ». En clair, améliorer de manière significative les conditions de travail alors que la pandémie sanitaire a mis en lumière l’exposition et l’intervention cruciale des travailleurs sociaux.
« Je suis incroyablement fier de tout le personnel des services sociaux qui a travaillé si dur, en particulier pendant la pandémie », a renchéri la ministre d’Etat aux Soins et à la Santé mentale. « Alors que nous nous remettons de la Covid-19, nous devons nous tourner vers l’avenir et réformer. Ce programme de soutien de 600 millions d’euros favorisera le recrutement, permettra aux personnels de progresser dans leur carrière et, très important, il garantit que le bien-être des travailleurs sociaux sera mieux pris en compte. »
La réforme, financée grâce à une hausse inédite (+ 1,25 %) des cotisations pour la protection sociale (National Insurance) payées par les salariés et les employeurs, doit dégager en totalité près de 14 milliards d’euros par an. Une somme également prévue pour renflouer l’hôpital public et développer le secteur de la dépendance qui subit un manque criant de personnel. L’idée de cette taxe avait été lancée en septembre dernier par le Premier ministre britannique Boris Johnson, étrillé par la presse pour sa gestion jugée erratique de la pandémie sanitaire et ses propres écarts dans le respect des gestes barrières.
Cette décision avait provoqué la colère d’une partie de son propre camp, ulcérée par la hausse des dépenses publiques (que Boris Johnson avait promis de combattre) et celle des impôts. Marcus Fysh, président de l’Economic Growth Group qui réunit les députés conservateurs, avait par exemple fustigé « l’approche socialiste » du gouvernement dans les colonnes du Daily Telegraph.
Tournant le dos à son dogme libéral, le cabinet Johnson a en effet épargné les ménages les plus modestes – la taxe s’applique à partir de 15 000 € annuels – et son caractère progressif devrait faire en sorte que les 15 % les plus riches paient plus de la moitié du coût total annuel. Plus insupportable encore pour les « orthodoxes » du camp conservateur tétanisés par l’explosion des déficits publics, le gouvernement prévoit près de 11 milliards d’euros pour aider les ménages britanniques à faire face à l’explosion du prix de l’énergie.
Mais ces annonces en cachent d’autres, comme l’arrêt officiel, le 31 mars dernier, des ressources gouvernementales débloquées dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de coronavirus, notamment les dispositifs de soins à domicile, d’accompagnement social et psychologique prévus dans les quatre semaines qui suivent la sortie de l’hôpital public. « La perte des sources de financement pour les soins sociaux place les travailleurs sociaux sur une base encore plus instable, et souligne à quel point la situation financière demeure précaire. Cette pandémie n’est pas terminée et les professionnels continuent d’accompagner ceux qui font appel à leurs services malgré des ressources limitées », s’est par exemple ému l’Association des collectivités locales, une organisation à but non lucratif qui agit comme porte-parole des collectivités territoriales.