Ressourcement, rencontre, partage. Telles sont les trois formes de soutien auxquelles les jeunes aidants de 8 à 25 ans peuvent prétendre en contactant la ligne Brind’Ecoute (06 03 42 22 04) ou en poussant la porte de La pause Brindille. L’association lyonnaise, créée en 2019 dans le but de proposer de l’entraide et de l’écoute entre pairs, déploie en effet, outre son service téléphonique, une offre de temps conviviaux, allant de la cuisine à la sortie en nature, en passant par des séances de relaxation ou de danse. « Presque tous partagent l’impression d’être des ovnis parmi leurs proches, constate Rebecca Billy, coordinatrice de La pause Brindille. L’idée, à travers ces moments de convivialité, c’est de les faire se rencontrer pour que, in fine, ils se rendent compte que d’autres vivent une situation similaire. » Par ce biais, l’association est parvenue à fidéliser une cinquantaine de jeunes, mais aspire à en attirer bien davantage. Si elle est très active sur les réseaux sociaux, elle l’est aussi pour sensibiliser à cette thématique, qu’il s’agisse d’interpeller des passants dans la rue, des étudiants à la fac, ou de nouer des partenariats avec les professionnels en contact régulier avec les jeunes. « 80 % des personnes que nous rencontrons ne savent pas ce qu’est un “jeune aidant”, regrette la coordinatrice. Mais à travers nos actions, on contribue à briser l’omerta sur la jeune aidance. »
Site : lapausebrindille.org. Ligne téléphonique dédiée aux 13-25 ans le mardi de 17 h à 22 h, le mercredi de 14 h à 18 h et le vendredi de 17 h 30 à 23 h 30.
« Invisibles ». C’est ainsi que Jeanne Hillion qualifie les aidants mineurs qu’elle repère lors des actions de sensibilisation organisées par Regain, l’association qu’elle dirige. « Il y a énormément de jeunes aidants qui s’ignorent. Notre objectif est de les sortir de leur isolement pour qu’ils puissent prendre conscience de leur situation et ancrer leur présence au monde », explique-t-elle. Pour cela, Regain va à leur rencontre dans les collèges et les lycées de la région, mais aussi dans les centres communaux d’action sociale. Pour proposer des temps d’échanges collectifs orchestrés par un duo de bénévoles et, si besoin, des entretiens individuels. Information et sensibilisation que l’association bretonne, située dans le Finistère Sud, déploie également à travers des projections de films thématiques. Car sa présidente en est convaincue, « la culture est le support idéal pour encourager les jeunes à parler des sujets qui les préoccupent ». Comme la difficulté de trouver du soutien autour de soi ou d’articuler vie personnelle et aidance… Autant de problématiques auxquelles l’association a choisi de répondre en proposant des stages de formation gratuits à destination exclusive des jeunes aidants, quel que soit leur âge. L’objectif ? Les soutenir dans leur quotidien en leur permettant de rencontrer, à raison d’une demi-journée par semaine pendant sept à huit séances, des professionnels du médico-social ou de l’éducation formés à ces questions. Retardée par la crise sanitaire, la première session démarrera ce mois d’avril et réunira huit jeunes aidants.
Site : www.argwim.fr.
Parmi les demandes récurrentes des jeunes aidants, celle de pouvoir accéder à un lieu de socialisation et de partage entre pairs arrive en tête, au même titre que le besoin de répit. En Ariège, cette mission est confiée depuis le mois de septembre dernier à la Maison des adolescents, une structure portée par le centre hospitalier Ariège Couserans. « A force d’être sensibilisés à cette question, les professionnels se sont aperçus que 15 % de leurs patients étaient des jeunes aidants et qu’avoir un dispositif qui cible un peu mieux leur rôle au sein d’un établissement qu’ils fréquentent déjà coulait de source », résume la psychologue Alys Planès, qui a été recrutée spécialement pour chapeauter cette expérimentation pendant deux ans. Outre des actions auprès des 11-15 ans, à qui des groupes de paroles collectifs et des entretiens individuels (5 au maximum) sont proposés, le dispositif comporte également un important volet de sensibilisation en direction des acteurs de l’Education nationale et des secteurs sanitaire et social. Ces derniers sont en effet des partenaires de choix pour repérer les jeunes et les informer de l’existence d’un tel dispositif. « Notre objectif est d’être identifié en tant que lieu ressource sur cette question. Et si certains aidants ont besoin d’un suivi plus approfondi, nous les orienteront vers une prise en charge en centre médico-psychologique ou auprès de psychologues libéraux », ambitionne la coordinatrice.
Site : maisondesados09.fr – Tél. : 07 86 87 15 71.
« A la maison, ils n’ont pas forcément la possibilité d’exprimer ce qui les préoccupe. Ici, on leur donne l’occasion de verbaliser ce qu’ils vivent et de le sublimer », s’enthousiasme Virginie Assaillit, coordinatrice de l’association Jeunes aidants ensemble (Jade) en évoquant les ateliers cinéma-répit organisés depuis 2014 au centre Auguste-Mione du domaine de Chamarande, dans l’Essonne (91). Là, séjournent au cours des petites vacances scolaires d’automne et d’hiver, une dizaine de jeunes aidants issus de la région parisienne, répartis en deux groupes : celui des enfants (8-13 ans) et celui des adolescents (14-18 ans). Encadrés par des professionnels de l’audiovisuel et de l’animation, ils y apprennent à écrire un scénario, utiliser une caméra ou encore monter un court-métrage. A l’issue de ces deux sessions de six jours, les réalisateurs en herbe repartent en possession d’un film inspiré de leur propre histoire. Ces séjours sont aussi un prétexte idéal pour leur permettre de souffler, de s’amuser et de se rencontrer entre pairs. « C’est souvent à ce moment-là qu’ils se rendent compte qu’ils sont aidants. Et cela leur fait beaucoup de bien de savoir qu’ils ne sont pas seuls dans ce cas », constate la coordinatrice. Toutefois, pour que ces ateliers gratuits soient un succès, un travail de préparation avec le jeune et ses parents est généralement nécessaire, le temps que la famille accepte cette séparation. Mais aussi qu’un relais soit mis en place et, parfois, que certains freins financiers soient levés.
Site : https://bit.ly/36gbrzX. Tél. : 07 67 29 67 39.
Que font les enfants, adolescents et jeunes adultes concernés par la souffrance psychique d’un membre de leur famille ? Ils se taisent. Témoins des troubles de leur proche, ils ont pourtant besoin d’être reconnus et de comprendre ce que cette situation implique pour eux-mêmes. « Certains vivent parfois pendant des années avec le sentiment qu’il y a quelque chose qui ne va pas sans avoir la possibilité de mettre des mots dessus. Notre objectif est de leur fournir de l’information adaptée à leur âge, de les aider à identifier leurs besoins et de repérer les retentissements de la maladie dans leur vie quotidienne et sur leur santé », liste Felisa Blanco, psychologue au sein de la plateforme JEFpsy. Opérationnelle depuis un an, cette plateforme s’adresse, à l’instar du service Les Funambules-Falret de l’Œuvre Falret qui la porte, à tous les jeunes de 7 à 25 ans, aidants ou non, d’un proche souffrant de troubles psychiques. « On estime que même si le jeune n’est pas forcément aidant de son proche, il peut souffrir de la situation et avoir besoin d’être épaulé dans son quotidien », poursuit la spécialiste. Pour les repérer, car c’est là le principal enjeu, l’association mise sur l’interface JEFpsy, qui facilite la prise de rendez-vous avec l’équipe de psychologues. Autre voie efficace de repérage : les ateliers de sensibilisation animés par dix jeunes ambassadeurs en santé mentale qui se déploient notamment dans les missions locales et les résidences universitaires.
Site : www.jefpsy.org – Tél. : 01 84 79 74 60.