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Le discret retour d’une vieille peur

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Une étude publiée début mars dans la revue scientifique The Lancet confirme l’augmentation de la mortalité infantile constatée depuis quelques années en France, passée de 3,32 décès pour 1 000 naissances en 2012 à 3,56 en 2019. L’indicateur mesurant la part des décès survenus chez les enfants de moins de 1 an est resté très élevé pendant plusieurs siècles, avant de connaître une spectaculaire baisse au cours du XIXe siècle.

La mortalité infantile a connu une phase de décroissance lente à partir de la fin du XVIIIe siècle et jusque dans les années 1950, passant de 180 décès pour 1 000 naissances au début du XIXe siècle à 70 avant la Seconde Guerre mondiale.

Mais jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la moitié des enfants n’atteint pas 10 ans. Ce phénomène est aggravé par plusieurs facteurs : la naissance de jumeaux, l’abandon de l’enfant ou encore la mise en nourrice. Ce dernier point devient un leitmotiv chez les observateurs sociaux dès le siècle des Lumières. En décidant d’accorder une subvention aux mères de familles nombreuses pour les encourager à allaiter, l’hôpital de Rouen réduit considérablement la proportion des enfants confiés à une nourrice (de près de 100 % à 30 %). Les pouvoirs publics en font alors un enjeu de leur action, combinée à celle des philanthropes. La crainte de la dénatalité – et de la dépopulation – sert de catalyseur à de nombreuses initiatives qui contribuent à la baisse de la mortalité infantile.

Consécutivement à celles-ci, des progrès sont notables en matière d’accouchement (formation des sages-femmes, création d’un diplôme de médecin-accoucheur) et dans l’alimentation des femmes enceintes. L’essor de l’art de la puériculture dans les dernières années du XIXe siècle témoigne aussi d’une profonde mutation du regard porté sur l’enfant et de la valorisation nouvelle de l’investissement maternel. Les avancées sanitaires jouent ensuite un rôle décisif, grâce à la vaccination antivariolique notamment, et au développement des antibiotiques dans les années 1950. Pourtant, au moment où ces progrès sont réalisés, on observe toujours une surmortalité des enfants des quartiers populaires. Les conclusions tirées de l’histoire des populations rejoignent ainsi celles de la récente étude du Lancet : si celle-ci insiste sur les causes sanitaires de cette augmentation (comme l’âge gestationnel, qui s’est sensiblement accru, le tabagisme ou l’obésité), elle pointe également des facteurs socio-économiques. En effet, la précarité augmente le risque de naissances prématurées, tandis que les femmes migrantes ou étrangères accèdent plus difficilement aux soins. Avoir les moyens de mieux accompagner les populations fragilisées constitue donc bien la clé d’une amélioration globale de la santé publique, afin de ne pas inverser la tendance historique de la baisse de la mortalité infantile.

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