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Aux États-Unis, le travail social au chevet de la police

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Aux États-Unis, le travail social au chevet de la police

Crédit photo Etienne Cassagne
Débordés par les urgences familiales ou l’explosion des personnes atteintes de troubles mentaux, certains services de police sortent du tout-répressif et renouent timidement avec des pistes alternatives.

C’est une goutte d’eau dans l’océan du tout-répressif aux états-Unis. Pour le département de police du State College de Pennsylvanie, il s’agit cependant d’un véritable événement. Grâce à une subvention de 150 000 dollars adoptée en septembre 2021 par la Commission de l’Etat sur le crime et la délinquance et tout juste allouée, un travailleur social verra son salaire et ses prestations de santé couverts pendant deux ans, s’il s’engage à titre de renfort d’une police débordée par des urgences qui ne relèvent pas de ses compétences.

Le gouvernement local a plaidé en faveur de l’initiative pour faire face à l’explosion des cas de violences conjugales liées aux différents confinements, des problèmes liés aux troubles mentaux, à l’itinérance et à la toxicomanie, avec également comme objectif de réduire le taux d’entrée ou de retour des individus dans le système judiciaire. « Nous sommes vraiment ravis que ce programme se concrétise, et impatients de lancer le programme de travailleurs sociaux de la police et d’étendre les services de santé mentale au département de police du State College », a déclaré Hannah Babiss, chargée de gestion auprès des autorités locales.

Un programme pionnier

Si les propos de la fonctionnaire paraissent relever de l’évidence, il s’agit pourtant d’un programme qui « va être pionnier pour notre région », insiste le commissaire Michael Pipe, cité par la presse locale. « Cela nécessitera un apprentissage à la volée », prévient de son côté John Gardner, chef du département de police du State College : « Le travailleur social aidera lorsque nous recevons des appels liés aux problèmes de santé mentale », ajoute-t-il en insistant sur ses services déjà « poussés à la limite », avec des interventions auprès de la population des sans-abri, « où l’appel à la police n’est pas la meilleure option ».

Préconisé par de nombreux départements de police et syndicats, le développement de la collaboration entre les travailleurs sociaux et les forces de l’ordre a indéniablement bénéficié de la médiatisation des bavures policières, en particulier celle qui a coûté la vie en 2020 à George Floyd, asphyxié par le genou de l’officier Derek Chauvin. Un meurtre filmé qui a provoqué de gigantesques manifestations dans le monde entier. A Minneapolis (Minnesota), théâtre de l’assassinat, le maire démocrate a même eu affaire à un puissant mouvement d’une jeunesse réclamant la diminution drastique des budgets alloués à une police considérée comme violente et raciste de manière « systémique » (« defund the police »), voire sa suppression pure et simple.

Retour en grâce des services sociaux

C’est donc dans ce climat délétère que le travail social effectue une forme de retour en grâce, après avoir connu « une réduction de son avancement au cours des trois dernières décennies », soulignait une étude réalisée en 2016 par Sylvester Amara Lamin, chercheur à l’université de Saint Cloud dans le Minnesota. « Les services de police et les travailleurs sociaux ont traditionnellement travaillé ensemble pour régler les problèmes communautaires. En réalité, une prévention, une intervention et une stabilisation efficace exigent davantage qu’une action policière et dépassent les capacités d’un seul organisme. Plusieurs autres travaux montrent que la fourniture de services sociaux a toujours été un élément clé du maintien de l’ordre, fonctionnant parallèlement avec les services aux victimes de crimes et l’application de la loi contre les délinquants », ajoutait-il. Il aura fallu attendre la mort de George Floyd, lui-même marginal et toxicomane, pour être (enfin) entendu.

… et d’ailleurs

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