« Co-construire un nouveau monde éco-social : ne laisser personne de côté. » Ainsi s’intitule la 15e édition de la Journée mondiale du travail social qui aura lieu le 15 mars. L’idée : valoriser les initiatives, les approches innovantes et les personnes accompagnées tout en développant les coopérations internationales. « Nous pouvons comparer les pratiques et éventuellement nous inspirer de l’étranger, se réjouit Céline Lembert, membre du conseil d’administration de l’Association nationale des assistants de service social (Anas), chargée des relations avec l’international. L’an dernier, par exemple, j’ai discuté avec des professionnels suédois de la protection de l’enfance sur la manière dont ils appréhendent l’arrivée des enfants en famille d’accueil. C’était très inspirant. Nous avions aussi organisé une soirée d’échanges avec des assistantes sociales venues de Roumanie, du Chili et du Danemark. Ce partage de bonnes pratiques enrichit notre accompagnement. » Réchauffement climatique, hausse des inégalités, développement durable… L’accent est mis sur des problématiques actuelles. « Le thème de cette édition doit nous pousser à enfin considérer les dimensions économique, écologique, environnementale comme de nouveaux enjeux pour les travailleurs sociaux », estime Chloé Altwegg-Boussac, adjointe à la déléguée générale de l’Unaforis (Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale).
« On n’associe pas forcément l’écologie au travail social. Pourtant, beaucoup de personnes accompagnées vivent dans des passoires énergétiques. Les travailleurs sociaux doivent en être conscients pour leur proposer les meilleures solutions possibles », détaille Céline Lembert. Si les intentions sont bonnes, force est de constater que, sur le terrain, l’engouement est faible. Ce qui est caractéristique de la perception du travail social en France, déplore la responsable de l’Anas : « Si cette journée s’inscrivait dans un calendrier politique avec des actions, des manifestations, des débats, cela permettrait de faire avancer les choses. Mais ce n’est pas le cas. A aucun moment, l’Etat ne s’en est saisi. Il n’y a eu aucune communication alors même que la campagne présidentielle bat son plein. Mais les politiques ne s’intéressent pas au sens du travail social. Nous sommes aussi peu visibles que les personnes que nous accompagnons. »
Sur le terrain, certains acteurs profitent toutefois de ce rendez-vous pour mener des actions. C’est le cas de l’Unaforis qui organise pour la première fois un concours destiné aux étudiants et aux usagers des structures. Les règles sont simples : présenter un projet à l’échelle internationale sur le thème retenu. Parmi les participants, l’Ecole des métiers et de l’accompagnement à la personne (Emap) de l’île de La Réunion. Huit stagiaires, déficients intellectuels, ont réalisé une vidéo de sensibilisation aux troubles du spectre autistique. « L’intérêt pédagogique est très important et la symbolique extrêmement forte. Cela montre que ces stagiaires sont comme les autres et non plus des personnes en situation de handicap, stipule Kévin Behar, responsable de formation. Cette participation au concours crée un précédent. A nous de faire en sorte que cela lance une dynamique. Cette journée ne doit pas rester une coquille vide, c’est malheureusement le risque ! »