Le chiffre est exponentiel et particulièrement inquiétant. Selon les Nations unies (ONU), plusieurs centaines de milliers d’Ukrainiens ont déjà fui vers les pays voisins, et le HCR, l’agence des Nations unies pour les réfugiés, s’attend à la possible plus grande crise migratoire de ce siècle en Europe. Si quelques centaines d’entre eux sont parvenus à rejoindre la France, la majorité s’est sans surprise mise à l’abri dans les pays voisins : en Pologne, en Hongrie, en Moldavie, en Roumanie ou encore en Slovaquie, tandis que d’autres, essentiellement issus des régions russophones et séparatistes du Donbass, dans l’est du pays, se sont déplacés vers la Fédération de Russie. « Les autorités nationales assument la responsabilité de l’enregistrement, de l’accueil, de l’hébergement et de la protection de ces réfugiés. Nous avons constaté une solidarité et une hospitalité formidables de la part des pays d’accueil des réfugiés, y compris des autorités et des communautés locales », souligne le HCR, qui « exhorte les gouvernements à continuer de maintenir l’accès au territoire pour tous ceux qui fuient ».
Il ne doit y avoir « aucune discrimination contre une personne ou un groupe », insiste l’Organisation des Nations unies. Hostiles à l’accueil des migrants en provenance du Moyen-Orient ou du continent africain, les pays limitrophes de l’Ukraine assument cette fois « la responsabilité de l’enregistrement, de l’accueil, de l’hébergement et de la protection des réfugiés fuyant l’Ukraine », se félicite le HCR, la plupart ayant fui vers la partie occidentale de l’Europe. Des kilomètres de files d’attente ont été signalés à la frontière ukrainienne, pour la plupart des femmes et des enfants issus de toutes les régions du pays assiégé par l’armée russe. Mais également des réfugiés non-Ukrainiens, étudiants africains, travailleurs immigrés, fuyant les combats et qui restent bloqués par les garde-frontières.
Les réfugiés qui en ont les moyens trouvent leur propre logement, tandis que d’autres sont hébergés dans des communautés locales, lesquelles ont ouvert leurs maisons quand d’autres sont hébergés dans des centres d’accueil. Quant au HCR, il est présent à la frontière polono-ukrainienne depuis le 24 février, afin de surveiller les arrivées et acheminer l’aide humanitaire qui afflue du monde entier. Comme nous le soulignions la semaine dernière(1), ce sont les travailleurs sociaux et les ONG déployées sur place qui assurent l’essentiel de l’accueil, en partenariat avec les municipalités et les représentants d’une communauté ukrainienne qui pèse plus d’un million de réfugiés pour la seule Pologne, la plupart étant arrivés dans le sillage de la guerre civile déclenchée en Ukraine à partir de 2014. « Nous fournissons aux nouveaux arrivants des informations sur les procédures d’asile et, par l’intermédiaire de partenaires, nous offrons des conseils juridiques et un soutien psychologique. Nous avons également mis en place une ligne d’assistance téléphonique d’urgence 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et des pages d’aide en ligne pour les réfugiés en ukrainien », assure le HCR.
Selon les estimations des agences internationales, ONU en tête, ce sont près de quatre millions de réfugiés qui pourraient arriver en Europe dans les prochaines semaines. « La situation instable, les problèmes de sécurité, le manque d’accès sûr pour les travailleurs humanitaires et les restrictions de mouvement posent des défis majeurs aux travailleurs humanitaires », souligne l’ONU, alors que ces derniers sont mobilisés pour évaluer les besoins des populations, identifier des sites sûrs où les déplacés internes peuvent être accueillis, et donc contribuer à la sécurité des civils.