Recevoir la newsletter

Ukraine : les ONG en première ligne

Article réservé aux abonnés

Image

Ukraine : les ONG en première ligne

Crédit photo Étienne Cassagne
La Pologne, qui se prépare à un nouvel afflux de migrants provoqué par la crise en Ukraine, barricade ses frontières. Mais seulement pour les « mauvais » réfugiés. Tout en se reposant de manière quasi exclusive sur la société civile et les ONG.

Ils sont déjà plus d’un million de réfugiés ukrainiens sur le seul sol polonais. Mais la crise politico-militaire qui couve à l’Est, avec l’arrivée des troupes russes dans le Donbass, pourrait déclencher un nouvel afflux de migrants. La Pologne, ses voisins, à savoir la Hongrie et la République tchèque, ainsi que les pays baltes – Lituanie, Lettonie, Estonie – ont déjà massivement accueilli des citoyens ukrainiens depuis 2014. Ils fuyaient alors la dure répression qui a suivi les manifestations sur la place Maïdan. Illustrant par la même occasion, que l’est de l’Union européenne a, décidément, la barricade, les murs et les barbelés sélectifs.

« Il est évident que du fait de la situation en Ukraine, nous nous préparons à divers scénarios. L’un d’entre eux, ce sont les actions prévues par les voïvodies [collectivités territoriales régionales polonaises, ndlr], en cas d’un afflux de réfugiés ukrainiens, qui à la suite d’un possible conflit chercheront un abri sûr dans notre pays », a déclaré le ministre de l’Intérieur polonais, Mariusz Kaminski. Son pays avait ouvert en grand ses frontières, notamment après l’annexion de la Crimée par Moscou, pour ces migrants jugés fréquentables et « assimilables ». Tandis que la Pologne érige une gigantesque barrière à la frontière biélorusse pour en empêcher d’autres, ceux-là essentiellement originaires du Moyen-Orient, de pénétrer sur son territoire.

Un immense mur de séparation avec la biélorussie en construction

Pour mémoire, le gouvernement polonais construit actuellement un immense mur de séparation avec la Biélorussie, accusée de précipiter sur les routes de l’exil, principalement en direction de l’Allemagne et du Royaume-Uni, des milliers de réfugiés originaires d’Irak ou de Syrie pour se venger des sanctions infligées par l’Union européenne dans la foulée de la réélection contestée d’Alexandre Loukachenko en août 2020. Une clôture dont la construction est censée s’achever en juin prochain, dotée d’une barrière métallique haute de 5 m de haut et qui doit s’étendre sur près de 180 km sur les 418 km de frontière commune. Equipé de caméras et de détecteurs de mouvement, le mur coûtera près de 350 millions d’euros, intégralement financés par Varsovie, qui refuse l’aide de l’Union européenne en sachant que son projet s’avère contraire à tous les traités internationaux que la Pologne a pourtant dûment signés.

Refoulement aux frontières prohibé

Ceux-ci prohibent notamment les pratiques de « refoulement aux frontières » que la Hongrie, les pays baltes ou la Pologne pratiquent toujours allégrement. Mais en 2015, les nationaux conservateurs au pouvoir à Varsovie ont remporté les élections en brandissant cette menace d’une immigration « non européenne ». Et en 2017, le gouvernement a catégoriquement refusé d’accepter le quota de réfugiés établi par Bruxelles.

Même si la Pologne envisage, cette fois encore, d’ouvrir en grand sa porte aux « bons » migrants européens, venus d’une Ukraine alliée, face à la menace russe, ce sont encore les ONG et non les autorités polonaises qui seront à pied d’œuvre pour les accueillir, avertit Agnieszka Kosowicz, responsable du Forum polonais pour la migration : « J’apprécie beaucoup que le gouvernement identifie le problème […] et qu’il semble vouloir venir en aide. Mais j’ai peur que cela ne se limite à laisser entrer les Ukrainiens dans le pays et à les loger dans des auberges de jeunesse […]. Nos dernières expériences avec de grands groupes d’étrangers de différentes provenances montrent que ce sont les ONG qui ont dû les prendre en charge […]. Les structures étatiques n’ont pas présenté de réponse systématique à l’heure d’accueillir ces personnes. ».

… et d’ailleurs

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur