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L’ONU en guerre contre les « thérapies de conversion »

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L’ONU en guerre contre les « thérapies de conversion »

Crédit photo Étienne Cassagne
Des lois criminalisant l’homosexualité restent en vigueur dans 69 États dans le monde, rappellent les Nations unies. Un contexte qui favorise l’exposition d’un tiers de la population mondiale à de pseudo « thérapies de conversion ».

« Les législations progressent mais le défi demeure colossal », constate Victor Madriga-Borloz, expert indépendant des Nations unies sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. A l’échelle de la planète, en effet, 69 États maintiennent des lois qui sanctionnent les relations homosexuelles entre adultes consentants. Ce qui signifie que deux milliards de personnes vivent dans des contextes de discrimination, soit un tiers de la population mondiale. « Or, cette criminalisation a notamment des conséquences mesurables en termes de santé publique et d’accès à l’éducation », noteVictor Madriga-Borloz.

Ce juriste originaire du Costa Rica, chercheur invité à l’université d’Harvard, est le deuxième expert à occuper le poste créé en 2016 par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Il a pris ses fonctions en janvier 2018 et ambitionne de débarrasser le monde de la « criminalisation de l’orientation sexuelle et l’identité de genre ». Laquelle favorise les fameuses « thérapies de conversion ».

Électrochocs, injection d’hormones, viols « correctifs »…

Aux Etats-Unis, sous l’influence de groupes religieux évangélistes ou catholiques, ces thérapies ont pu prendre la forme d’électrochocs infligés aux « patients », d’injections d’hormones, de jeûnes prolongés ou même de pratiques d’exorcisme, voire de « viols correctifs » promus par des entités sectaires, qui sévissent aussi en Europe (dont la France) ou sur le continent africain.

La nocivité de cette approche, aussi bigote qu’intolérante, a été largement documentée par des études empiriques, notamment celle publiée en 2019 par la prestigieuse revue JAMA Psychiatry, et menée par des chercheurs de Harvard. Lesquels expliquent que tenter de changer l’identité de genre des jeunes homosexuels ou trans augmenterait de près de trois fois les envies suicidaires, et près de quatre fois pour les enfants de moins de 10 ans.

« Quant à la criminalisation de l’homosexualité et de la transexualité en général, relève encore Victor Madriga-Borloz, elle a par exemple pour conséquence que les personnes trans sont atteintes du VIH/sida 47 fois plus que les hommes homosexuels – et même 76 fois plus que la population générale ». La faute, entre autres, au fait qu’une personne transgenre malade n’ira pas demander des services de santé « de peur d’être stigmatisée et de ne pas recevoir les soins dont elle a vraiment besoin », souligne l’ONU dans un communiqué publié le 8 février dernier, qui donne la mesure du chemin restant à parcourir, en particulier aux Etats-Unis. Selon un rapport présenté en 2020 devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, outre l’Afrique, la Chine, la République de Corée et les Etats d’Europe de l’Est, les thérapies de conversion ont visé « quelque 700 000 lesbiennes, gays et trans » outre-Atlantique, et près de 14 000 personnes en Suisse.

Leur interdiction formelle demeure donc encore un défi à relever. Toujours chez l’Oncle Sam, les Etats légifèrent au compte-goutte : tandis que le New Jersey ou la Californie ont agi dès août 2013, l’Etat de New York s’est réveillé en 2019 et la Virginie, en juillet 2020. D’autres pays, comme l’Inde, ont franchi le pas au mois de juin 2021. Plus récemment, la France a définitivement adopté, en janvier 2022, une loi ciblant spécifiquement les « thérapies de conversion » prétendant « guérir » les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres. Une mesure plutôt symbolique, puisque ces pratiques tombaient déjà sous le coup d’un large éventail d’infractions, du harcèlement moral aux violences en passant par « l’exercice illégal de la médecine ».

… et d’ailleurs

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