18 février. La conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social pourrait faire date. Annoncée en novembre par le Premier ministre, Jean Castex, elle est attendue de pied ferme, et les professionnels, employeurs comme syndicats, s’y préparent depuis longtemps.
Car, du handicap à la protection de l’enfance en passant par l’insertion, le secteur va mal, très mal. La gronde est récurrente depuis plusieurs années mais la crise sanitaire et l’exclusion d’une partie des professionnels du Ségur de la santé ont exacerbé les tensions. Pour preuve : la mobilisation sans précédent du 7 décembre dernier, rassemblant 55 000 travailleurs sociaux partout en France. A travers 19 fédérations et collectifs associatifs représentant près de 500 organismes privés non lucratifs et 130 000 salariés, les employeurs franciliens (Nexem, FAS, Uriopss, etc.) ont également appelé à manifester le 4 février. « A ce jour, en Ile-de-France, 6,5 % des postes ne sont pas pourvus, les démissions, départs et reconversions se multiplient, les candidats dans nos écoles de formation se raréfient », alertait leur communiqué commun.
Absence de reconnaissance, d’augmentation salariale, sous-effectif, manque de moyens, maltraitance institutionnelle, perte de sens… Noyés sous les procédures, les actes techniques, les injonctions paradoxales, les métiers de l’humain n’attirent plus. Le « care », l’« aller vers », l’attention à l’autre sont pourtant essentiels pour prendre soin des plus vulnérables de la société. Mais on ne gère pas un service social, un CMP, un IME… comme une entreprise, avec ses objectifs de compétitivité et de rentabilité. Les salariés du champ social et médico-social sont d’abord des professionnels du lien, de la relation.
Dans un contexte où la précarité, l’exclusion, les inégalités explosent, les enjeux sont colossaux. Que sera le monde de demain ? Malgré les discours – et ils sont nombreux en cette période de campagne présidentielle –, nul ne sait. L’imagination n’est pas au pouvoir. Des réponses restent à inventer. Mais, pour cela, la participation de tous est requise : professionnels, personnes accompagnées, gestionnaires… Loin des « y a qu’à », « faut qu’on », leurs attentes sont concrètes. Encore faut-il les entendre.
Ce 18 février, aucun miracle ne se produira. Il s’agit d’une première réunion et, à coup sûr, certains mieux que d’autres sauront défendre leurs intérêts. Cependant, la partie ne fait que commencer. En parallèle de cette journée, qui arrive bien tard selon certains, un « livre vert » se prépare au Haut Conseil du travail social. La tâche est immense tant les statuts, les conventions, les pratiques et les publics diffèrent d’un champ à un autre. Le ras-le-bol, lui, est général.