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Dans la tête

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« Quand je suis rentré chez moi, j’avais l’impression de revenir en France alors que je n’avais pas quitté le territoire national. » Cette phrase, on l’entend souvent dans la bouche d’associatifs mobilisés à Calais et sur le littoral de la Manche, quand ils retournent dans leurs villes d’origine.

Souvent jeunes, les bénévoles qui s’engagent à Calais aux côtés des personnes exilées ne sont pas toujours préparés à ce qui les attend sur place. Confrontés à une grande précarité, à des situations violentes et à l’urgence quotidienne, ils ont parfois besoin d’un soutien psychologique spécifique au fil des mois de terrain. Une situation que n’avaient pas envisagée les coordinateurs des associations.

Bénévole, Mathilde, qui a passé un an à Calais entre 2017 et 2018, confirme : « J’étais venue pour deux mois, je suis restée presque un an. » Progressivement, elle s’attache aux personnes qu’elle rencontre et qu’elle aide : « En deux mois, tu as le temps de nouer des vrais liens, mais aussi le temps de t’abîmer le cerveau. Tu es tout le temps dans l’urgence, à avoir peur pour tes amis, à vérifier sur ton téléphone à chaque décès que ce n’est pas l’un d’eux. » Fatiguée, peu avant de partir, elle s’est décidée à prendre contact avec un professionnel de la santé mentale. « Dans certaines associations, il y avait un côté “consommation du bénévole”. Les gens étaient essorés en repartant, relate-t-elle. C’est tellement l’urgence que tu n’as parfois même pas le temps de te rendre compte que tu ne vas pas bien. »

Utopia 56, par exemple, a travaillé depuis 2016 avec des milliers de bénévoles à Calais et dans toute la France. Chaque jour, près de 200 personnes de ses équipes sont mobilisées pour apporter l’essentiel aux personnes exilées. Richard Fusil, psychologue calaisien, suit chaque année une quinzaine d’entre elles. Jamais dans l’urgence, mais pour les préparer au retour et avant tout pour les écouter, les accompagner. Car à Calais, le sentiment de culpabilité arrive vite. « Avouer aller mal alors que l’on est confronté à de plus graves situations est déjà un premier pas vers un parcours de soins », note le praticien.

Bien que la vie en collectivité des aidants associatifs permette la mise en place de groupes de parole pour échanger lors de moments difficiles, une attention toute particulière commence à être donnée à leur retour à une vie « normale », sans urgence. L’après-Calais.

Une saison en migrations

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