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« Une prise de conscience apparaît »

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Concilier les besoins des personnes accompagnées et les différentes contraintes architecturales n’est pas toujours évident. Architecte, Alice de Cagny revient sur les différentes étapes de ce cheminement.
De quelle manière les échanges entre votre cabinet et les directeurs de structures se déroulent-ils ?

Au sein de l’agence, nous fonctionnons suivant trois possibilités. Soit il s’agit d’un accord de gré à gré avec des clients que nous connaissons déjà, soit nous répondons à un appel à projet lancé par l’ARS [agence régionale de santé], soit nous participons à un concours, auquel cas nous n’avons pas forcément de lien avec le client et allons travailler dans notre coin en répondant à un cahier des charges. Dans les deux premiers cas de figure – qui représentent la majorité de nos projets –, nous répondons à leur cahier des charges, c’est-à-dire leurs besoins en matière de fonctionnalité, de capacité financière, etc.

Comment appréhendez-vous les besoins des personnes accompagnées et des professionnels ?

Très souvent, nous visitons les locaux existants. A défaut, nous allons nous rendre compte dans un établissement déjà en fonctionnement et géré par le même maître d’ouvrage. Des réunions sont organisées avec les différents services et personnes de l’établissement. Nous commençons évidemment avec la direction, mais nous rencontrons jusqu’aux personnels de ménage, pour connaître leurs nécessités : le volume des chariots utilisés, la fréquence des allers et venues dans tel ou tel local… Il s’agit d’étudier les flux de tous les professionnels en activité et de dimensionner les espaces en conséquence. Nous sommes aussi à l’écoute des doléances des parents d’enfants handicapés, des familles des personnes âgées… Les réunions sont réalisées très en amont. Nous suivons les chantiers et corrigeons les éventuelles erreurs lorsque nous avons des retours sur quelque chose qui a mal fonctionné.

Quelles peuvent être les requêtes des familles ?

Les familles ont beaucoup de demandes liées au confort. Dans les maisons de retraite, elles sont très attentives à la température des locaux qui, pour nous, personnes actives, n’est pas tellement un problème mais qui, pour une personne âgée assez statique, revêt une grande importance. Pour les extensions en maison de retraite, une attention est portée aux horaires de travail du chantier, car si les personnes âgées n’entendent pas forcément bien, elles ressentent beaucoup les vibrations. Pour les travaux de gros œuvre, les familles nous demandent d’aménager les horaires afin que les résidents puissent avoir des pauses. C’est tout un travail de phasage. Nous prenons chaque problème l’un après l’autre. Evidemment, il y a des concessions.

Quel est le regard des acteurs du secteur sur l’établissement de demain ?

Le rapport de Luc Broussy [publié en 2021, ndlr] a rebattu les cartes de la conception des Ehpad, par exemple. Des automatismes s’étaient installés, mais maintenant il est demandé de penser la chambre comme un logement, avec des dimensions un peu plus grandes, un espace salon… Ce n’est plus de l’« hôtelier », comme cela pouvait se faire précédemment. Les établissements commencent aussi à être pensés comme des petites villes, avec une place du marché, un salon de coiffure, etc. Avant, lorsque nous proposions ce type de structures, on nous répondait : « Non, nous préférons rentrer dans le cadre de ce que nous demande l’ARS. » Aujourd’hui, les budgets sont un peu revus à la hausse et une prise de conscience apparaît. Mais nous anticipons déjà ce qui va se passer après, car les recommandations du rapport « Broussy » sont presque obsolètes. Les projets mettent du temps à sortir. Le Covid est aussi passé par là. Les gens se sont rendu compte de ce que cela pouvait signifier de vivre en Ehpad et de se retrouver confiné dans une petite chambre.

Etes-vous confrontés à des problèmes récurrents ?

Nous travaillons en Ile-de-France, et notre principal problème reste le foncier. Nous devons souvent travailler sur de l’existant : soit le réha­biliter, soit l’agrandir, soit les deux. Nous ne pouvons pas demander aux structures de déloger toutes les personnes accueillies le temps du chantier. Le principal sujet consiste à mener un chantier « phasé », où les résidents vont pouvoir rester en basculant d’une aile à une autre. Nous sommes obligés d’organiser des déménagements et d’éventuelles créations de places en fonction de ces contraintes.

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