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Mais qui est citoyen ?

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« Un irresponsable n’est plus un citoyen. » Faisant passer les devoirs avant les droits du citoyen dans sa phrase choc du 4 janvier dernier, le président de la République réinterroge les contours de la citoyenneté. Alors que l’on fait souvent remonter sa naissance à l’Antiquité gréco-romaine, le citoyen a conquis des droits nouveaux au cours de l’histoire de la France contemporaine.

C’est d’abord la Révolution française qui donne aux individus – autrefois sujets – le statut de citoyen. La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, adoptée le 26 août 1789, constitue véritablement le texte de référence pour penser le citoyen : il est celui qui dispose de droits civils et politiques dans l’Etat dans lequel il réside, où il doit en retour payer des impôts et respecter la loi.

Pourtant, la question de l’exercice de la citoyenneté ne relève pas de l’évidence : en 1789, une distinction est d’emblée créée entre citoyens actifs et passifs, en fonction du niveau de revenus. Seuls les plus riches peuvent donc voter, au motif qu’ils sont les plus capables de le faire. Autre condition apportée : sous le Directoire, il faut savoir lire et écrire pour être inscrit sur le registre civique. Mais être citoyen signifie également s’engager dans la Révolution : la fidélité aux idées révolutionnaires, concrétisée par le serment civique, permet de se sentir membre du corps civique. Privées du droit de vote, les femmes sont elles aussi des actrices du processus révolutionnaire : lorsqu’elles ramènent le roi à Paris le 6 octobre 1789, elles manifestent bien leur volonté d’agir en citoyennes. En 1792, l’enrôlement des plus pauvres, citoyens passifs, dans les bataillons de volontaires permet à ceux-ci d’ailleurs d’accéder à la citoyenneté active après la guerre. On le voit, droits et devoirs vont de pair, mais le rythme saccadé de la Révolution et la Restauration monarchique ne laissent pas le temps au peuple français de s’approprier véritablement ses nouveaux droits.

La conquête du droit de vote au cours du XIXe puis du XXe siècle permet la véritable naissance du citoyen contemporain. Adopté de manière éphémère en 1793, le suffrage universel est mis en œuvre pour la première fois en France en 1848. Les femmes en sont durablement exclues – jusqu’en 1944 – mais aussi les domestiques – qui n’obtiennent une citoyenneté de plein droit qu’en 1930 – ou encore les indigents. Plus récemment, la question de l’élargissement de la citoyenneté est posée sous l’effet de la construction européenne et de l’augmentation des migrations.

Créée en 1992 par le traité de Maastricht, la citoyenneté européenne est conférée aux citoyens français, ouvrant le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales partout dans l’Union. Enfin, la loi de 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité renforce l’importance de l’acquisition de connaissances linguistiques et l’adhésion aux principes de la République pour obtenir la nationalité, condition d’accès à la citoyenneté. Au lieu d’une vision étriquée centrée sur les devoirs des individus, la citoyenneté a permis aux hommes et aux femmes d’accéder à l’émancipation, sur le temps long, grâce à des droits politiques et sociaux.

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