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C’est une silhouette statique qui se détache de l’hôtel de ville en cette froide journée de janvier. Entre ses mains, une pancarte portant la signature du collectif Faim aux frontières. Né en octobre à Calais, il rassemble bénévoles, personnes exilées, Calaisiens et habitants de toute la France sensibles à la question de l’accueil des personnes en transit à travers le pays. Depuis le 15 janvier, des militants font le piquet, seuls, devant la mairie.

En ce moment, la fête foraine est installée sur la petite place, et le soir, il y a du monde qui passe. En journée également, sur ce boulevard qui traverse la ville de part en part. Les revendications inscrites sur la pancarte rappellent celles portées par Ludovic Holbein, Anaïs Vogel et Philippe Demeestère lors de leur récente grève de la faim (voir ASH n° 3230 du 22-10-21, p. 34). L’arrêt des expulsions qui ont encore lieu toutes les 48 heures lors de la trêve hivernale, l’arrêt de la confiscation des effets personnels des exilés lors de ces évacuations et l’ouverture d’un dialogue raisonné entre associations non mandatées par l’Etat et les préfectures.

Les quelques mots qui annonçaient ce sit-in continu à un endroit fréquenté du centre-ville étaient marqués par l’émotion des semaines précédentes : « En 2021, 41 personnes exilées sont mortes à la frontière franco-britannique. Le gouvernement français est coupable. Aujourd’hui, nous, citoyens et citoyennes, souhaitons réitérer notre désaccord avec cette politique inhumaine et mortifère. Non, nous ne partageons pas l’idée que le pouvoir et l’argent ont plus de valeur qu’une vie humaine. Non, nous ne croyons pas aux intérêts électoralistes des hommes et des femmes qui gouvernent la France. Non, nous ne les laisserons pas piétiner les termes “liberté”, “égalité” et “fraternité”. »

Alors, depuis le 15 janvier, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, passent un à un quelques heures devant le beffroi, à l’image d’une course de relais. Avec comme témoin, au sens le plus strict du terme, la personne elle-même. La discussion s’engage souvent avec les passants. On parle de ce qu’il se passe dans cette ville, on s’indigne des morts en mer, des morts sur terre, on se révolte contre les traitements infligés aux personnes qui ne demandent qu’à passer au Royaume-Uni. Parfois, une voix s’élève, parfois un doigt de la main aussi, de la part d’automobilistes mécontents qui ne descendent surtout pas engager le dialogue. C’est ainsi. La situation, les conditions de l’accueil et de l’humanité, cela divise à Calais. Avant tout, le but de l’action est de sensibiliser. De dialoguer. De montrer que les gens d’ici, comme les bénévoles d’ailleurs, ne sont pas insensibles au sort que le pays réserve à ceux dont la seule faute est de souhaiter, quelque part sur cette terre, une vie meilleure.

Une saison en migrations

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