Un robot dit « social » ou « affectif » peut-il aider une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ? Soutenir le personnel soignant ? Quels sont ses effets et ses risques ? Autant de questions posées par Cécile Dolbeau-Bandin, chercheuse au Centre d’étude et de recherche sur les risques et les vulnérabilités (Cerrev) et maître de conférences à l’université de Caen-Normandie. Son travail s’appuie sur une étude de terrain au sein de deux services du centre hospitalier public du Cotentin, à Cherbourg, et d’une unité de jour de l’hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne). Le robot Paro y est utilisé depuis plusieurs années, sur la base du volontariat, dans le cadre des thérapies non médicamenteuses recommandées par la Haute Autorité de santé. Peluche blanche interactive en forme de bébé phoque, Paro est équipé de capteurs visuels, auditifs et tactiles lui permettant de reconnaître une source de lumière et des mots usuels d’amitié, ressentir quand il est caressé, exprimer ses sentiments en fermant ou en ouvrant les yeux, réagir à une voix… Selon la chercheuse, la robot thérapie aurait le même impact que la zoothérapie : elle ne soigne pas mais « sert d’intermédiaire pour entrer en contact avec la personne qui souffre ». Paro constituerait, à cet égard, un support de communication et un outil complémentaire au travail des soignants. Reste à savoir à quelles conditions ? Car les nouvelles technologiques exigent de nouvelles compétences pour se les approprier donc du temps et un accompagnement, a minima une formation. « Ce qui n’est pas assuré puisque des restrictions budgétaires pourraient inciter les administrations à réduire le nombre de soignants sous prétexte que la participation des robots à leurs tâches diminuerait leur charge de travail. » Sans compter les enjeux éthiques comme la protection des données issues de ce nouveau domaine où les frontières entre humain et non-humain se brouillent. Alors superpuissants les robots ? Tout est relatif. Puissent-ils simuler les émotions, ils restent d’abord des objets.
« Un robot contre Alzheimer » – Cécile Dolbeau-Bandin – C&F éditions – 18 €.