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Au Canada, les victimes de l’aide sociale bientôt indemnisées

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Au Canada, les victimes de l’aide sociale bientôt indemnisées

Crédit photo Étienne Cassagne
Les enfants autochtones et certains de leurs parents victimes du système social d’aide à l’enfance canadien devraient bénéficier d’un accord de près de 30 milliards d’euros conclu avec le gouvernement fédéral.

C’est l’épilogue d’une longue bataille judiciaire et la dernière ligne droite d’âpres négociations entre les autorités canadiennes et les représentants des peuples autochtones. D’ici à la fin 2022, près de 28 milliards d’euros devraient être versés aux victimes du système social d’aide à l’enfance, mais aussi pour aider à l’amélioration de la prise en charge actuelle. Soit « le plus important accord d’indemnisation dans l’histoire du Canada », s’est félicité le gouvernement par la voix de Marc Miller, ministre des Relations Couronne-Autochtones. Pour mémoire, de la fin du XIXe siècle jusqu’au milieu de la décennie 1990, près de 150 000 enfants ont été arrachés à leur famille et placés de force dans des pensionnats, dont le dernier a fermé ses portes en 1996. La plupart étaient gérés par l’Eglise catholique du Canada, qui a présenté ses excuses officielles au mois de septembre dernier.

Mauvais traitements et discriminations

Dans ces centres censés assimiler des populations considérées comme un corps étranger à la bonne société canadienne, il s’agissait en théorie de scolariser et d’évangéliser. En réalité, selon la commission « vérité et réconciliation », qui a rendu ses conclusions le 15 septembre 2015 après sept ans d’enquête, les mauvais traitements y étaient légion, la malnutrition endémique et les discriminations systématiques. Entre 3 000 et 6 000 enfants y ont trouvé la mort, ont été portés disparus ou n’ont pas pu être identifiés. Plusieurs cimetières « clandestins » ont même été exhumés au Canada, provoquant une immense émotion dans l’opinion publique. Le 28 mai dernier, les ossements de 215 enfants ont ainsi été découverts sur les lieux de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops, en Colombie-Britannique. Un mois plus tard, près de 751 sépultures anonymes étaient exhumées sur le site de l’ancien pensionnat de Marieval, et plus d’une centaine d’autres lieux pourraient potentiellement être fouillés à leur tour.

Toujours selon les travaux de la commission, au moins la moitié des victimes seraient mortes de la tuberculose et d’autres maladies infectieuses. Certaines se sont suicidées ou ont péri dans les incendies d’établissements vétustes. Des enfants autochtones ont également servi de cobayes à des expérimentations médicales, tandis que des centres organisaient volontairement une malnutrition censée « améliorer » les connaissances en apports nutritionnels…

Protéger les jeunes autochtones

Le Canada demeure régulièrement pointé du doigt par les associations de défense des droits de l’Homme pour son traitement discriminant à l’égard des Premières Nations, l’un des trois peuples autochtones du Canada. La décision du gouvernement dirigé par Justin Trudeau coïncide ainsi avec la publication du dernier rapport annuel de Human Rights Watch, lequel prend note des efforts entrepris par les autorités vers la réconciliation avec les peuples autochtones, tout en pointant la persistance de graves disparités, notamment un accès insuffisant à l’eau potable, dans « l’un des pays les plus riches en eau du monde ».

Quant aux milliards promis par le gouvernement, ils devraient permettre aux communautés autochtones d’opérer un changement majeur dans les services sociaux dédiés à l’enfance, grâce à une loi adoptée par Ottawa en 2019. En reconnaissant aux Premières Nations une compétence propre dans ce domaine, la législation dite « C-92 » leur permet désormais de créer leurs propres lois en matière de protection de la jeunesse.

… et d’ailleurs

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