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La honte

Il y a ceux qui abolissent les murs et ceux qui les construisent. Ceux qui ouvrent grand leur regard et ceux qui ferment les frontières. Ceux qui pensent que l’humanité passe par l’autre et ceux qui estiment que l’inconnu représente un danger…

En cette période de campagne présidentielle, plusieurs candidats d’extrême droite et de droite extrême font le choix de l’exclusion. Le 17 janvier, l’un d’entre eux a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une amende de 10 000 € pour injure raciale et provocation à la haine. Une peine bien faible, eu égard à l’ignominie de ses propos sur les mineurs non accompagnés : « Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent. »

Après les jeunes exilés, ce sont les enfants en situation de handicap qu’il faut renvoyer, selon le même, dans des établissements spécialisés. L’indignation a été générale. A juste titre. Mais elle a surtout répondu à l’émotion, à la bonne conscience, à la controverse d’un jour. Qui pourrait supporter que des enfants inhabituels ne puissent être scolarisés comme et avec les autres ?

L’inclusion est une idée magnifique. A condition que l’équité ne soit pas seulement de façade. La loi de 2005 a institué « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ». On en est loin. Beaucoup de parents – de mamans, surtout – sacrifient leur vie pour s’occuper de leurs enfants au quotidien, faute de places en institution, de professionnels pour les prendre en charge, d’accompagnants pour les emmener à l’école…

Et si la loi de 2019 a entériné la scolarisation en milieu ordinaire, les moyens manquent gravement. Faute de formation à l’accueil d’élèves ayant des troubles moteurs ou du comportement, les enseignants, même les plus motivés, se sentent démunis. Et avec un salaire mensuel de 760 € net, en dessous du seuil de pauvreté, les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) – des femmes, en grande majorité – appartiennent aujourd’hui aux catégories les plus précaires de la société. Les bonnes intentions ne servent à rien si elles ne sont pas suivies d’effets.

Alors, oui, l’inclusion des enfants handicapés doit être une « obsession », afin qu’ils puissent voler de leurs propres ailes, et que chacun de nous, dès le plus jeune âge, soit sensibilisé à la différence. Il faut donner le meilleur aux plus fragiles. Pour ne pas se couvrir de honte.

Éditorial

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