Le jeu militant

Revisiter le célèbre jeu du Monopoly pour sensibiliser les jeunes de 11 à 25 ans aux inégalités sociales et aux discriminations. Tel est le pari de l’Observatoire des inégalités qui, en accord avec l’éditeur du titre, propose une nouvelle version. Expérimentée pendant trois ans et disponible depuis le 10 janvier sur commande, celle-ci s’adresse à la fois aux professionnels de l’éducation, aux animateurs de centres sociaux et aux éducateurs. Les cartes représentent des personnages allant de la catégorie A, la mieux lotie, à la catégorie C, la plus défavorisée. Durant la partie, le joueur pourra avancer plus ou moins vite en fonction de son âge, de sa catégorie sociale ou encore de son genre. Ainsi, les salariées gagnent directement 20 % de moins par mois que leurs homologues masculins. Les filles repassent également plus souvent par la case « départ ». Bref, la vraie vie ! « Notre objectif est d’apporter des éléments d’information factuels et de compréhension, tout en identifiant des ressources et des pistes pour rendre le monde plus juste. Et surtout pas de plonger les jeunes dans le fatalisme », précise l’Observatoire, qui considère que l’information est une arme. Car prendre connaissance des inégalités est une chose, ne pas se résigner en est une autre. Des cartes « ascension sociale » ou « grève générale » illustrent l’idée que les mécanismes de reproduction ne sont pas inéluctables. Il existe même une case « redistri­bution » : lorsqu’un joueur A tombe dessus, il est sommé de verser 100 € à un joueur C. Une sorte d’impôt sur le revenu. Livret descriptif de chaque type d’injustice sociale, web-documentaire, créations visuelles… Le Monopoly des inégalités s’intègre à une boîte à outils pédagogique. Les professionnels peuvent s’en saisir pour approfondir le sujet avec les jeunes au travers d’ateliers. Et, suivant le vœu de l’association indépendante, pour les inviter à changer les choses.