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Bois de chauffe

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L’hiver fond sur Calais tel un prédateur sur sa proie. Plusieurs signes en témoignent. Le froid de la mer, la houle au creux des vagues. Les habitants engoncés dans leurs manteaux, le front baissé. Les bénévoles, la goutte au nez, en distribution ou en maraude. Et les personnes exilées sur les campements qui, en plus de la faim, de la pluie et de l’absence d’un toit, doivent affronter chaque jour, chaque heure, chaque minute des températures maintenant négatives.

Reste cette très ancienne invention de l’Humanité : le feu. Et The WoodYard, une organisation soutenue par l’Auberge des migrants, dont les bénévoles passent leurs journées dans la scierie improvisée au fond du hangar des associations ou en distributions. Le bois, la mèche, puis les flammes. En 2016, quand le campement calaisien appelé la « Jungle » abritait jusqu’à 10 000 personnes, d’énormes foyers de plusieurs mètres de diamètre voyaient les gens se regrouper par communauté, à plusieurs dizaines autour d’un même feu. « Ça a bien changé », dit un bénévole. En quelques années, voulant éviter « tout point de fixation » – les campements –, la préfecture a dispersé dans les environs les personnes toujours en attente de la traversée de la Manche. Sans nourriture, sans eau, sans bois.

Isolés des points de distribution d’eau ou de nourriture, une partie des gens se sont retrouvés dans la commune de Coquelles, en bordure de Calais. Ce mois de décembre, ils pataugent dans la boue. Certains portent des sacs plastique autour des chaussures, d’autres ont mis des palettes sous leurs tentes pour les surélever. Deux petits brasiers sont allumés. Du lait chauffe doucement, et un homme le relance en tapant du bout de son tison le centre des braises. Dans la gadoue, Valentin et Laurent poussent deux brouettes chargées de sacs de bois. Des bûchettes, coupées et fendues le matin même par d’autres bénévoles de l’association.

« C’est vrai, on n’y pense pas quand on arrive à Calais, lâche Valentin, mais les gens ont besoin de bois pour se chauffer et pour manger. » A l’inverse des autres associations, telles que celles de distribution de nourriture, The WoodYard ne compte pas sur la présence des personnes lors de ses distributions. Ce vendredi, le vent souffle à plus de 70 km/h, les oreilles se durcissent sous les assauts répétés des bourrasques. Alors, sur le campement, peu de personnes sont sorties de leurs tentes. Qu’importe, les deux bénévoles extraient de la brouette deux sacs de 8 kilos chacun. Et posent les bûches à quelques centimètres des tentes. Dans deux jours, ils repasseront.

Une saison en migrations

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