« Je vais me refaire. » Ces quelques mots sonnent de façon familière à l’oreille des professionnels qui accompagnent les personnes addictes aux jeux d’argent et de hasard. Régulièrement formulés, ils symbolisent toute la mécanique des addictions sans substance et la complexité de la prise en charge.
Loin d’être de simples difficultés passagères, ces dépendances, en de nombreux points semblables à celles des drogues dures, représentent un vrai sujet de société et de santé publique. On estime à environ 1,4 million le nombre de personnes dont la pratique du jeu pose problème, soit plus du double qu’il y a dix ans. Un constat inquiétant, en grande partie lié à l’explosion du nombre des acteurs sur le marché du jeu en ligne.
En 2010, sous la pression des lobbies, le secteur, jusqu’alors aux mains de la Française des jeux (FDJ) et du PMU, s’est ouvert à la concurrence. Un attrait pour de nouveaux joueurs. Parmi eux, beaucoup de jeunes issus des milieux populaires, qui trouvent là une forme d’« exutoire », analyse Thomas Amadieu, sociologue et auteur de La fabrique de l’addiction aux jeux d’argent.
Les illusions se révèlent d’autant plus grandes que le marketing publicitaire mené par les opérateurs est offensif. C’est à ces faux-semblants que s’attaquent les professionnels sociaux et médico-sociaux avec les publics fragilisés. Depuis 2013, des binômes pluridisciplinaires spécialisés dans les addictions sans substance ont vu le jour au sein des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa). Un travail que décryptent cette semaine les Actualités sociales hebdomadaires. Et de façon originale, au moyen d’une bande dessinée. Une forme de cadeau de Noël à nos lecteurs, en somme.
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