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La Commune, pionnière de l’éducation populaire

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« Paris veut que le fils du paysan soit aussi instruit que le fils du riche, et pour rien, attendu que la science humaine est le bien commun de tous les hommes. » Au terme d’une année de commémoration des 150 ans de la Commune de Paris, relire cette phrase d’André Léo dans son appel « au travailleur des campagnes » permet de saisir l’ampleur du projet des « communeuses » et « communeux » en matière d’éducation.

En quelques semaines, la Commune favorise les innovations pédagogiques et les expériences en matière d’enseignement et d’éducation populaire, en s’inspirant de l’héritage des Lumières et des théories éducatives socialistes. Déjà, au XVIIIe siècle, les penseurs voient en l’éducation le vecteur de l’émancipation des individus. Au siècle suivant, dans le cadre de la question sociale, l’accès à l’instruction apparaît comme un enjeu essentiel de la réflexion sur l’organisation du travail. Le mouvement ouvrier revendique une éducation universelle, ouverte à chacun, et les socialistes développent l’idée d’une éducation intégrale : selon eux, l’école doit ouvrir les classes populaires à des pratiques jusque-là réservées aux élites, comme l’art ou les exercices physiques. Au cours de la Commune, le peintre Gustave Courbet réaffirme ces principes à travers le manifeste de la Fédération des artistes. Dans le même temps, les initiatives se multiplient dans Paris : lectures et conférences publiques ont lieu dans des bibliothèques et les théâtres, des clubs d’éducation populaire se réunissent dans les églises, tandis que d’autres, comme l’Éducation nouvelle, associent enseignants et parents dans la prise en charge des enfants. Enfin, des écoles professionnelles sont créées, afin de rendre l’ouvrier capable « d’œuvrer et de penser ».

Délégué à l’instruction publique, Edouard Vaillant rassemble autour de lui quelques personnalités investies dans le monde de l’éducation. Plusieurs figures féminines s’illustrent dans la réflexion et l’action en faveur d’une éducation rénovée. Ainsi, Marie Verdure, membre de la Société des amis de l’enseignement, plaide pour l’ouverture de crèches avec des jardins et des jouets. André Léo, quant à elle, est chargée de présider la commission de l’enseignement professionnel des jeunes filles, à laquelle prennent part Noémie Reclus et Isaure Périer. A une époque où l’enseignement n’est pas encore démocratisé et encore moins séparé de l’influence de la religion, toutes ces initiatives s’inscrivent dans un ambitieux mouvement de laïcisation. Bien que l’on présente souvent les lois « Ferry » de 1881-1882 comme novatrices à cet égard, les acteurs de la Commune en sont bien des pionniers : la séparation de l’Eglise et de l’Etat, décidée le 2 avril 1871, jette les bases d’une école laïque. Pourtant en mai, l’entrée des Versaillais dans Paris met un terme à ces expériences innovantes qui, pour certaines, ne seront reprises que bien plus tard.

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