Un « partenaire Enfants-Parents » (Pep’s). Voilà ce qu’ont imaginé nos voisins belges. Sa mission ? Accompagner les familles, depuis leur projet de grossesse jusqu’aux 6 ans de l’enfant, par le biais de consultations et de visites à domicile. Il est rattaché à l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE), le seul organisme de référence de la Fédération Wallonie-Bruxelles (toute la communauté française du pays). Accueil de l’enfant dans et hors de son environnement familial, consultations, soutien à la parentalité, aide à l’enfance maltraitée, service d’adoption, promotion de la santé à l’école jusqu’à 18 ans, formation continue des acteurs des politiques de l’enfance… Tout ce qui a trait à la prévention, à l’accueil temps libre, au soutien et à la protection maternelle et de l’enfant se concentre dans cette entité. « C’est un organisme parastatal, c’est-à-dire qu’il a une autonomie de gestion et son propre conseil d’administration, qui assure l’interface entre l’administration et le gouvernement, précise Sylvie Anzalone, coordinatrice subrégionale Hainault à l’ONE. Malgré tout, nous peinons parfois à travailler en réseau. On le voit notamment avec les familles qui cumulent les problématiques et sont divisées entre plusieurs services. On perd alors le lien, certaines de nos missions se chevauchent. La réflexion collective manque quelquefois pour que l’accompagnement soit réalisé de façon plus harmonieuse. »
Un enjeu de coordination auquel, toutefois, répond en partie la présence de 12 référents « maltraitance » au sein de l’ONE. Leur fonction transversale, sans lien hiérarchique avec les autres services, leur permet d’assurer la jonction entre les Pep’s et les professionnels de la cellule SOS Enfants conventionnés par l’office. « Ce sont des articulateurs de réseaux. Ils jouent un rôle rassurant et de conseil auprès des Pep’s lorsque ceux-ci se sentent isolés face à des situations complexes. C’est une vraie force de les avoir parce que cela favorise les collaborations entre les différents professionnels », constate Aurore Dachy, responsable des services d’accompagnement périnatal et des équipes du département SOS Enfants à l’ONE. Tout comme la protection maternelle et infantile française, l’ONE repose sur une triple accessibilité : géographique (avec de nombreuses entrées sur tout le territoire francophone et des unités mobiles qui se déploient dans les régions les plus reculées), financière (gratuité) et universaliste.
Point d’achoppement chez nous, la vocation universaliste fonctionne très bien de l’autre côté de la frontière. Les 500 millions d’euros que l’Etat met à disposition de l’ONE y contribuent assurément. Et malgré de fortes disparités socioprofessionnelles locales, l’essentiel des Belges qui résident dans les cinq provinces wallonnes et à Bruxelles poussent au moins une fois la porte de l’ONE. « Qu’elles soient aisées ou en grande précarité, nous parvenons à toucher toutes les familles et à offrir un suivi renforcé aux plus fragiles, qui n’ont souvent accès à rien d’autre », se félicite Sylvie Anzalone.
Un accès universel parfois au prix d’un épuisement des travailleurs médico-sociaux. « Bien sûr, il nous faudrait plus de professionnels pour pouvoir mieux accompagner les familles, reconnaît la coordinatrice subrégionale. Ils ont beau être 800 sur le terrain, l’augmentation du nombre de situations complexes ne leur permet pas toujours d’être aussi disponibles qu’ils le souhaiteraient. Heureusement, ils peuvent compter sur tous nos partenaires, tels le service d’action en milieu ouvert (AMO) et le centre public d’action sociale (CPAS), qui peuvent prendre le relais si nécessaire. »
Du côté du département SOS Enfants de l’ONE, l’alliance avec les équipes de l’aide à la jeunesse, acteur central de la prise en charge des enfants en danger, est un atout de taille. Sans compter l’appui du gouvernement belge qui, depuis quelques années, met l’accent sur la prévention précoce et le soutien à la parentalité. « Il y a une réelle prise de conscience par les pouvoirs publics de l’importance d’être auprès des familles à tous les niveaux. Ce soutien est vraiment le bienvenu, notamment depuis la crise sanitaire qui a mis à mal de nombreuses personnes », conclut Aurore Dachy.