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Travail des enfants : un combat toujours d’actualité

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Début novembre, trois ministres ont présenté une « stratégie nationale d’accélération pour éliminer le travail des enfants, le travail forcé, la traite des êtres humains et l’esclavage contemporain à l’horizon 2030 ». Engagée dans la lutte contre le travail des enfants – un phénomène en essor à l’échelle mondiale –, la France elle-même n’est pas parvenue à l’éradiquer totalement, malgré son interdiction depuis le XIXe siècle.

Dès la fin du XVIIIe siècle, l’industrialisation de l’Europe a entraîné un besoin de main-d’œuvre sans précédent, marquant une rupture avec les pratiques du travail des enfants qui existaient jusqu’alors dans la paysannerie et l’artisanat. Pour une famille modeste, envoyer ses enfants à l’usine constituait un complément de revenus nécessaire pour boucler son budget. Vers 1840, les moins de 14 ans représentaient en France jusqu’à 20 % de cette main-d’œuvre. Avec des conditions de travail d’autant plus pénibles que l’on profitait de leur souplesse et de leur agilité pour leur assigner des tâches dangereuses. Beaucoup tombaient malades, certains mouraient à force de travailler. Devenue inacceptable aux yeux des réformateurs sociaux, la situation a fait débat dès les années 1830. Au terme d’une dizaine d’années de discussions, une loi votée en mars 1841, inspirée par un précédent britannique, a défini l’âge minimal de travail à 8 ans et limité sa durée journalière à huit heures pour les 8 à 12 ans et à douze heures pour les 12 à 16 ans. Il faudra attendre 1874 pour que le premier seuil soit élevé à 12 ans. Entre-temps, les progrès techniques ont rendu moins indispensable l’embauche des enfants dans certains secteurs. En outre, l’obligation scolaire a permis de lutter contre ce phénomène.

Mais les exceptions sont demeurées nombreuses et le contournement de la règle, permanent. Dans une nouvelle loi votée en 1892 et interdisant le travail de nuit des femmes et des enfants de moins de 18 ans, l’article 6 prévoyait que femmes et garçons mineurs puissent être employés « dans les usines à feu continu » comme la verrerie. Confrontés à la difficulté de trouver la main-d’œuvre, les patrons du secteur comptaient sur des agents recruteurs qui procédaient à un véritable racolage auprès des familles les plus modestes, leur promettant, outre des revenus, un apprentissage et un travail pérenne pour leurs enfants. Face aux dénonciations de ces pratiques, un réseau de recrutement s’est déployé en Italie puis en Espagne (où la natalité était plus dynamique) pour faire venir de jeunes ouvriers. Après l’interdiction du travail de nuit des enfants en 1912, ces derniers ont été remplacés par une main-d’œuvre étrangère, souvent plus facile à exploiter. A travers cet exemple, on le voit, le souci de la production dépasse les exigences humanitaires. Dans un contexte de montée de la précarité, le suivi des mineurs isolés et des enfants déscolarisés doit demeurer une priorité.

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