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Le travail à tout prix

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Chaque année, 100 000 postes supplémentaires par an. Voilà ce que les 3 800 structures d’insertion par l’activité économique (IAE) devaient créer d’ici à 2022, selon la volonté de l’exécutif. Mais, aujourd’hui, le ministère lui-même reconnaît que le chiffre espéré de 240 000 personnes suivies par ces dispositifs risque de ne pas être atteint, et table plutôt sur 60 000 ouvertures de places.

Du moins pour des salariés. Parce que, fidèle à l’idéologie selon laquelle seule l’employabilité serait un facteur de réussite et d’inclusion, le gouvernement promeut aujourd’hui l’insertion par le travail indépendant (page 10). C’est-à-dire un cinquième type de structure agréée qui pourrait permettre de créer les 40 000 places manquantes. Selon Thibaut Guilluy, cela serait mieux adapté à certains publics. Le haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises y perçoit même un moyen de recruter des profils jusque-là peu séduits par les offres des dispositifs de l’IAE en panne d’attractivité (page 12).

Malgré tout, lui-même le reconnaît, un tiers seulement des créateurs de ces auto-entreprises s’insèrent réellement par la suite, les autres devant continuer un parcours d’insertion.

A condition, toutefois, de se voir proposer un accompagnement adapté. Et c’est là tout l’enjeu : lié à l’éparpillement des travailleurs indépendants, le risque apparaît clairement de perdre en proximité, en globalité de suivi (sur la santé, le logement, etc.) et même, tout simplement, en fréquence des rencontres. D’autant que les financements pérennes et adaptés pour l’ensemble du secteur de l’IAE font défaut (page 8). Sur un marché du travail qui exclut les plus fragiles, et alors que, parallèlement, les conditions d’indemnisation du chômage ont été durcies, les personnes très éloignées de l’emploi pourraient pâtir de ce nouveau paradigme qui se dessine, privilégiant le travail même précaire ou en intérim.

De quoi inquiéter certains acteurs de terrain. Car les professionnels de l’accompagnement savent, eux, combien les personnes en insertion – particulièrement celles employées dans les ateliers et chantiers d’insertion – ont besoin de soutien. Dans le podcast SMS de la semaine, Coralie Bel, responsable pour l’association Equalis d’un jardin de Cocagne, atteste du quotidien attentif de ses professionnels aux publics en difficulté qu’ils accueillent en prise avec des problèmes pour se loger ou d’accès à la langue. « On ne crée pas un chantier d’insertion juste pour créer, on est là pour accompagner un public en difficulté. (…) Il faut qu’il y ait une bonne osmose, que l’activité soit consolidée. »

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